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Michael Studer : l’éloge de la simplicité

« Bis repetita placent ». Répéter, répéter encore. Et encore. La répétition fait apprendre. Les écoliers que nous avons été le savent.

Peut-être qu'aujourd'hui, cette pratique devient-elle désuète dans un monde où seule la nouveauté semble avoir droit de cité. Mais répéter n'est pas pour autant synonyme de rabâcher. À preuve, le coffret du pianiste bernois que le label suisse Claves vient de rééditer. Un héritage musical reconstruit à partir d'enregistrements de son propre catalogue et de quelques disques que le pianiste avait publiés à compte d'auteur.

Mais quel peut être l'intérêt d'un tel retour à des enregistrements dont les plus récents datent d'une dizaine d'années et les plus anciens de plus de trente-cinq ans ? Alors que le monde musical branché s'extasie devant la brillance souvent artificielle des pianistes asiatiques, ces documents sont une claque à la mode du spectaculaire. Une leçon de piano. Mais pas de celle ânonnée par des professeurs de conservatoire en quête de notoriété. Une leçon de piano où la musique sort grandie devant le dépouillement que l'artiste restitue à sa juste grandeur. Chez , pas d'esbroufe. Son piano parle avec la simplicité de l'évidence. Pensée, chacune de ses notes répond à la mélodie, à la logique, à l'œuvre. Alors réfléchies, elles sont jouées, restant parfois encore suspendues, comme si l'artiste voulait encore la retenir avant qu'elle ne lui échappe. Et toujours avec la recherche du son, d'un son qui soit en relation directe avec la beauté. En orfèvre de son clavier, le pianiste bernois cisèle son jeu avec l'intention d'en offrir le plus beau. Avec un toucher de velours, une irréprochable technique instrumentale, le piano de est certainement l'un des plus beaux pianos qu'on puisse entendre. C'est du cristal, de l'eau claire dans la droite ligne de celle que donnait à entendre les Dinu Lipatti et autre Arturo Benedetti Michelangeli.

Dans les près de sept heures et demie de piano de ce coffret, rien, absolument rien n'est à éliminer. Un piano magnifique tout au long de Mozart, de Chopin, de Schumann, de Brahms, comme de Bach ou de Ravel. Choisir est impossible -même si j'avoue un petit faible pour le Gaspard de la nuit-. Michael Studer impose le silence et le recueillement devant son incroyable capacité de faire toucher à l'essence de la musique.

Si le coffret est plus large qu'il n'en faut pour contenir le livret et les six minces pochettes des disques, la place qu'il prendra dans votre discothèque n'est qu'à la juste mesure des chef-d'œuvres qu'il renferme. Un must absolu pour tout amateur de belle musique. D'autant plus qu'au prix où Claves a décidé de le distribuer, (six cd pour le prix d'un seul !), c'est un cadeau à s'offrir et à offrir.

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