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Ludovico Einaudi : non, non et encore non !

Le compositeur italien rencontre depuis quelque temps un succès assez considérable en Italie et au Royaume-Uni grâce à ses compositions d'accès pour le moins aisé, ce qui en soi n'a bien sûr rien de critiquable. Ce que l'on peut dire à son sujet est qu'il a étudié au Conservatoire de Milan avant de prendre des cours de composition avec Luciano Berio. Mais ce que l'on peut également dire à son sujet est qu'il y a autant de rapport entre l'univers de Berio et celui d'Einaudi qu'entre les peintures de la Chapelle Sixtine et un tag sur le métro de Rome.

Procédons par ordre. Cet album est une compilation de compositions (pas moyen de dire autrement) d'Einaudi interprétées par le pianiste , qui a déjà signé chez le même éditeur des albums consacré à Phil Glass et à Michael Nyman, tous deux musiciens très estimables. Commençons à écouter. Il s'agit d'une succession de pièces toutes bâties selon le même principe : une formule rythmique répétitive à la main gauche et un thème nunuche à la main droite. On pourrait rapprocher cette façon d'écrire de celle employée par Yann Tiersen sauf qu'à côté d'Einaudi, Yann Tiersen, c'est Boulez ! Sans exagérer, on dirait des morceaux tirés d'une méthode pour piano écrites dans un style adoré par les jeunes adolescentes (13-14 ans, pas plus), tellement le niveau musical et pianistique demandé est peu élevé.

La notice du disque précise : «  est un véritable phénomène de la composition moderne (sic). L'élégante simplicité de ses mélodies, ses harmonies fluides et ses motifs rythmiques d'une récurrence envoûtante lui ont valu de nombreux admirateurs… (re-sic)». Plus loin, on lit : « le résultat est une collection de quatorze solos d'une profondeur affective… (re-re-sic)». On croit rêver ! Einaudi se considère lui-même comme minimaliste ; mais « minimaliste » veut dire qu'il y a au moins un minimum, alors que dans cette musique, c'est le vide total : il n'y a rien du tout. Un mot pour finir sur le pianiste : fait tous les efforts possibles pour défendre cette musique indéfendable, c'est très louable, un bon point pour lui mais au final cet album est à fuir, sauf pour les amateurs de niaiseries.

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