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Michel Corrette au service des Dames Religieuses

En ce bicentenaire de la naissance de , cet auteur français, espèce de « touche à tout » en musique, n'a pas fini de nous étonner : chaque œuvre inédite que nous livrent les éditeurs discographiques est une découverte passionnante, en particulier cette messe dévolue aux Dames Religieuses. D'autres grands s'étaient, comme M. A. Charpentier, essayés au genre : (Messe pour le Port Royal par exemple). Mais le temps a passé, le style, en ce XVIIIe finissant, évolue vers une décadence assez géniale. Nous sommes portés de bout en bout par une musique souriante, lumineuse, qui nous rassure finalement sur l'atmosphère qui devait régner dans les couvents de l'époque.

Il est vrai que les interprètes s'y emploient avec une parfaite réussite. L'orgue remplace ici tout l'orchestre baroque avec ses jeux de fond pour les cordes, les anches pour les solistes, trompette, cornet et cromorne. L'orgue de l'Abbaye de Mondaye dans le Calvados fût enregistré pour Arion à la fin des années 60 par Xavier Darasse dans des programmes Nivers et Lebègue : Depuis cet instrument a bénéficié d'une restauration exemplaire au début des années 2000 par les facteurs Boisseau et Gaborit. L'orgue a ainsi retrouvé son harmonie, son tempérament, ses couleurs originales, fruit d'une connaissance approfondie des principes anciens de la facture d'orgue. , disciple d'Odile Bailleux et de Francis Chapelet, maîtrise parfaitement sont art d'accompagnateur et de soliste, n'hésitant pas à entremêler les deux intimement tout au long de l'œuvre, comme Corrette lui-même le propose. Les voix s'en trouvent magnifiées (solistes et chœur féminin), et il faut saluer ici le travail de reconstitution de , introduisant divers Plain-chant de Guillaume Nivers, et proposant à l'organiste diverses pièces de Corrette tirées de ses divers livres d'orgue, pour le déroulement cohérent de cette messe, bâtie sur un modèle habituel.

Tout cela fait mouche à merveille : voix angéliques des filles, somptuosité des timbres de l'orgue, le tout capté dans une prise de son réaliste, où l'on se paye le luxe d'entendre parfois le chœur avec le « Grand Jeu » de l'orgue comme le préconise lui-même, à l'imitation de ses concertos pour orgue et orchestre.

Cet enregistrement réhabilite largement et avec bonheur la musique aux abords de la révolution Française, que l'on a souvent taxée hâtivement de mineure.

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