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La culture en France : futures Steppes de l’Asie centrale ?

Lettre au Président n°2

Mais que faites-vous Nicolas ? Surveillez donc François et Christine, ils sont en train de commettre une erreur monumentale ! A moins que vous ne soyez à la base de ce fléau …

C’est vrai que, sous couvert de réorganisation, vous fermez à tour de bras. Votre Garde des sceaux préférée veut clore bien des tribunaux. Mais cela fait 20 ans qu’on entend qu’il faut réformer la carte judiciaire. La fin des bureaux de postes et des écoles en zone rurale, vous ne faites que continuer un travail déjà entrepris bien avant votre arrivée au pouvoir. Monsieur le Président de la République, nous ne saurions trop vous conseiller de lire Paris et le désert français de Jean-François Gravier. Si vous n’avez pas le temps, au moins cette citation : « L’agglomération parisienne s’est comportée, non pas comme une métropole vivifiant son arrière-pays, mais comme un groupe monopoleur dévorant sa substance nationale ». Avec vos fermetures à tout-va, nous retombons 60 ans en arrière.

Ce que fait votre Ministre de la Culture sous le regard bienveillant du Premier Ministre, avec votre bénédiction, c’est donner l’extrême-onction à la vie culturelle institutionnelle en province. L’Etat va progressivement retirer ses parts dans toutes les scènes conventionnées. Qui va remplacer le manque à gagner ? Le mécénat est trop timide encore en France, les collectivités territoriales croulent sous les responsabilités sans pour autant que les budgets aient suivis, suite aux lois de décentralisation de votre hagiographe Jean-Pierre Raffarin. Nous vous avions pourtant demandé peu après votre élection de ne pas oublier que dans le spectacle, les horaires sont décalés. Quand une représentation se termine à minuit, il est difficile de se lever à 6h30. Il n’en est rien. Nous étions craintifs, nous avons eu raison de douter.

Vous faites en sorte que l’Etat se désengage du territoire. Le pouvoir central abandonne l’Hexagone progressivement. La plupart des scènes conventionnées (tout ce qui comporte « National » dans leur dénomination, comme Centre Dramatique National, Scène Nationale, …) verront leurs budgets fondre de 3 à 7%. Pour les opéras, ce sera pire. Tours a tiré la sonnette d’alarme : la fin de la participation de l’Etat, c’est 50% du budget artistique en moins. Peut-être que 6 productions lyriques et autant de concerts symphoniques est trop donner aux tourangeaux ? Ils ne méritent pas la musique classique probablement. Voire toute la région Centre, puisqu’elle perdrait ainsi son seul orchestre permanent et sa seule scène d’opéra. Peut-être pour contrecarrer une capitale régionale passée dans l’opposition ? Vous et votre équipe gouvernementale allez aussi étouffer l’Opéra-Théâtre de Metz, ville tenue depuis trop longtemps par le PS.

Vous me rétorquerez : « Pourtant Avignon est depuis longtemps tenue par l’UMP, et là-bas, je supprime tout aussi ». Mais la maire Marie-José Roig est une chiraquienne pur jus… Les avignonnais n’auront qu’à prendre leurs voitures pour aller à l’opéra, après tout, Marseille, Lyon ou Montpellier ce n’est pas si loin. Idem pour les messins : Strasbourg et Nancy ne sont pas au bout du monde. Et la Lorraine peut se contenter d’un seul opéra, de préférence à Nancy, où l’air y est plus respirable qu’à Metz et le maire bien plus fréquentable (André Rossinot est le bras droit de Jean-Louis Borloo au minuscule Parti Radical).

Avignon, Metz, Tours : trois métropoles de moyenne importance, dont les élus locaux sont soit dans votre majorité sans vous avoir fait allégeance, soit dans l’opposition. Nous ne sommes pas dupes : en pleine crise sociale, les appels au secours culturel de ces trois villes vont passer inaperçus. Avant les municipales, on s’attaque aux petits mal élevés. Après, si la récolte est bonne, vous passerez au gros œuvre… Nous ne resterons pas silencieux.

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