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Staffan Mårtensson, un clarinettiste à retenir

Ce CD a pour avantage de nous présenter quelques portraits de compositeurs suédois contemporains et surtout d'un clarinettiste dont le nom est à retenir : . La sonorité qu'il tire de son instrument est toujours soyeuse, l'articulation précise, le jeu très homogène dans les différents registres (chalumeau, clarine, suraigu). Reconnu et célébré dans son pays, et dans le nord de l'Europe en général, percera-t-il en France, pays jaloux de l'excellence de son école d'instruments à vents ? Ce serait fort dommage qu'il n'y arrive pas.

Les œuvres présentées en revanche n'accueillent pas un tel concert de louanges. L'inspiration des huit compositeurs convoqués navigue entre le surprenant, l'agréable et l'indigent. A tout seigneur tout honneur, surtout qu'il ouvre l'album : . I begynnelsen (Au commencement) prend pour base le récit de la Genèse. Divisé en trois mouvements, surnommés « royaumes » : Minéraux, Plantes et Animaux. Royaume des Minéraux est tellurique à souhait, sorte de big-bang musical, ou l'on entend littéralement « exploser » la tonalité. Royaume des Animaux est un vaste scherzo virtuose, ou clarinette et orchestre se poursuivent sans se rattraper. Le mouvement lent, Royaume des Plantes, pêche par excès d'académisme, sorte de vague musique planante et modale. Forssell utilise pour son concerto la clarinette de basset, celle-là même qu'a voulue Mozart pour son célèbre concerto, au son plus sombre et chaud que la clarinette usuelle.

Les autres pièces sont plus décevantes. Wrong Music 2 – Embryo de présente un certain intérêt du travail du timbre confronté au live electronics. Les pièces pour clarinette seule, certes admirablement défendues, de Edström, Dahl, Sandström et Lidholm restent au mieux anecdotiques, tant elles ne se déparent pas des modèles tutélaires (Trois pièces pour clarinette seule de Stravinsky et Abîme des oiseaux, extrait du Quatuor pour la fin du temps d'Olivier Messiaen). Musica da camera VII de sonne comme du Hindemith, ce qui veut dire qu'il faut préférer l'original à la copie. Une bouffée d'air frais vient clore cet album par une improvisation très jazzy de . Un album à acheter pour son instrumentiste plus que pour les œuvres.

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