- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Jean Guillou, la voix d’un grand maître de l’orgue

Capté en situation, ce CD édité par l'association « Augure » est un témoignage unique du grand Art de l'improvisation à l'orgue par , le célèbre organiste de l'église Saint-Eustache à Paris. Quel mélomane n'a pas pris un jour ce plaisir rare d'aller l'écouter en ce lieu magique et incontournable cet artiste d'exception ? Depuis plus de quarante années, les voûtes de cette église résonnent sous les feux inspirés de cet artiste dont cet enregistrement révèle les plus récentes improvisations. Saisies lors des messes dominicales, ces instants impromptus au nombre de huit, figurent divers moments de l'office : Sortie, communion, après les lectures… Les climats sont variés, instinctifs dans l'instant. Sans doute le contexte transporte-t-il, comme au concert l'improvisateur, dans cette participation active avec l'assemblée. Point de concession à un discours facile pour la circonstance, nous livre » sa » musique, emplie de sincérité. Le langage que nous lui connaissons bien est là, d'un modernisme et d'une originalité qu'il nous révélait en 1968 avec ses improvisations pour Apollo 8 : « Visions Cosmiques », l'un de ses disques les plus célèbres paru chez Philips. Des rythmes implacables, des harmonies inouïes, le métier du compositeur est bien là.

Par chance, ces moments bénéficient d'une prise de son remarquablement équilibrée, plutôt au dessus de la moyenne pour cet orgue croqué en général d'un peu loin, ce qui augmente encore ici notre excitation.

Pour finir, nous offre une version de la triple fugue en mi bémol extraite de la Messe pour orgue de J. S. Bach, captée elle aussi en direct lors d'une audition en Avril 2007. Mais surtout la conclusion du CD est étonnante, avec une transcription par le Maître de la Fantaisie chromatique du même Jean Sébastien.

On retrouve là, un autre aspect de Jean Guillou : son art de la transcription. Sous ses doigts, cette œuvre prend une dimension inespérée, conçue à partir d'un discret clavecin. On discerne mieux ici tout ce que Liszt, et quelques grands modernes doivent à Bach. Certains trouveront peut-être le trait un peu appuyé, mais l'émotion est pourtant garantie.

Chaque décennie aura rythmé la carrière discographique de Jean Guillou : (Philips 70, Festivo 80, Dorian 90, Re-Philips 00) Désormais « Augure » prend le relais pour de nouvelles aventures, afin que votre voix, cher Jean Guillou, résonne encore longtemps sur vos cinq claviers virtuoses, pour le bien être de nos cœurs.

(Visited 761 times, 1 visits today)