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Torvaldo et Dorliska, dramma semiserio

Torvaldo et Dorliska, écrit en 1815, est probablement l’opéra le moins connu de Rossini et surement le moins joué. Opéra semiseria, il se place à moitié chemin entre la comédie buffa et le dramma serio.

Très critiqué pour le livret présumé médiocre de Sterbini, il présente en réalité toutes les caractéristique musicales et littéraires qui ont fait la fortune de Rossini : une longue ouverture, un langage populaire (proverbial et prosaïque) qui se mélange à un autre plus soutenu (stylisé et « bourgeois ») ; des nombreuses péripéties en crescendo qui donnent un rythme effréné à l’action.

Le thème est celui de l’amour qui, hélas, rime avec délire et mort (supposée), dans un croisement de pouvoir et désir incontrôlé. Dorliska, pauvre et « désolée » d’après sa présentation, Torvaldo, son mari, le duc d’Ordow le méchant qui impose son pouvoir sur tout et tous, son serviteur Giorgio, successeur historique de Leporello, serviteur à tout faire à la Figaro, et sa sœur, interprétée par une mezzo-soprano de caractère sont les personnages de la pièce.

Dorliska est l’objet aimé passionnément par le duc d’Ordow, mais cette passion se transforme en un délire obsessionnel. Après une symphonie d’une dizaine de minutes qui n’a d’autre but que la beauté sonore absolue (les thèmes présentés en faits ne préparent pas au drame), Giorgio fait son entrée en traversant le parterre (parterre qui plus tard sera « envahi » par le chœur et d’autres chanteurs/acteurs) et ouvre le rideau de la scène lui-même. Le trio Giorgio, Ordow, Ormondo « si cercherà, si troverà » est le premier grand moment frénétique, il anticipe musicalement et vocalement le célèbre air de Figaro dans Il barbiere di Siviglia. Ironie et parodie sont les éléments portants de cet opéra qui place l’action entre le chanté et le parlé (les récitatifs sont accompagnés par le pianoforte).

La scénographie artisanale profite avec intelligence de l’espace réduit de la scène. L’intérieur du château d’Ordow et le bois/jardin sont ainsi nettement séparé par un portail (grille de fer et marbre). Les décors, parfois changées manuellement par des figurants se caractérisent par nombreux d’objets qui n’ont qu’une valeur métaphorique (la prison de Torvaldo a par exemple la dimension d’une cage d’où invraisemblablement il rentre et sort par le haut). Cette forme d’artisanat scénique au lieu de gêner la réussite de la pièce exalte le professionnalisme et le talent des artistes.

Tout est au point : la récitation des chanteurs, leurs prouesses vocales (très bien exécutés les jeux de mots rossiniens), l’harmonie entre l’orchestre et la scène.

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