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Avec David Krakauer, confusion des styles et partage d’énergies

Concert de musique traditionnelle ? Certes, non. De jazz ? Pas vraiment non plus. De rock, de rap, de musique électro-acoustique ? Pas tout à fait non plus. Le 's Klezmer Madness, accompagné de SoCalled, c'est un peu tout ça à la fois, une forme de musique impossible à rattacher à un style en particulier, qui ressemble à beaucoup de choses mais qui ne peut être finalement comparée qu'à elle-même. Reprenons donc toutes ces idées dans l'ordre.

Le klezmer, c'est cette musique traditionnelle juive dont l'énergie rappelle fortement les musiques tzigane et les intervalles et mélismes celle du Moyen-Orient. est de ces musiciens qui s'inscrivent dans une tradition ancestrale pour la maintenir en vie, pour l'ancrer dans le présent. Ses improvisations délibérément virtuoses sont sans conteste celles de la musique klezmer. Parfaite maîtrise du suraigu, mélismes tourbillonnants, énergie et lyrisme étroitement liés, tout y est. Le groupe qui l'accompagne est une formation rock : une batterie, une guitare électrique, une basse électrique, une guitare dite «rythmique». Cependant, si le choix des timbres, l'utilisation de la basse sont effectivement très proches du rock, la finesse des sonorités et des lignes mélodiques et la subtilité et la permanente mobilité de l'accompagnement rythmique rapprochent plus l'ensemble du jazz que du rock. Rajoutez à cet étrange – mais parfaitement réussi – mélange, la polyvalence, l'enthousiasme et la verve de SoCalled, vous obtenez un concert étonnant et détonnant.

SoCalled ne paye pas de mine, et au premier abord on ne prête que peu d'attention à lui. Il est visiblement de ces musiciens qui aiment la scène non pas pour les applaudissements du public mais pour le plaisir du partage musical intense avec les autres artistes. Lorsqu'il s'installe derrière son échantillonneur, ses samples sont en accord parfait avec le Krakauer's Klezmer Madness : mélange de samples de musique traditionnelle juive (parfois même des chœurs religieux) et de rythmiques de base du rap, le tout manié avec un sens du rythme, une énergie et surtout une subtilité impressionnants. Il prend parfois le micro, pour un court passage de rap, ou pour chanter – que ce soit pour entonner un chant en début de morceau ou effectuer une seconde voix, il possède une maîtrise parfaite de la voix chantée dans la tradition juive. De son micro, son accordéon ou son échantillonneur il saute parfois sur un piano pour ponctuer l'ensemble d'une rythmique ou de mélismes.

N'en déplaise à – visiblement très satisfait de lui-même et de sa virtuosité, au point d'en user parfois trop – c'est cet énergumène, SoCalled, qui porte le concert avec sa fougue et sa fantaisie, et qui transporte le public.

Un coup de chapeau particulier également à Sheryl Bailey (guitare électrique) pour sa finesse de son et sa subtilité de jeu et à Michael Sarin, qui tire de sa batterie des sons extraordinaires, et fascine par la maîtrise rythmique mais surtout mélodique de son instrument.

Si le public – conquis d'avance – a été enthousiasmé, il est toutefois regrettable que l'amplification indispensable à ce genre de formation soit parfois à la limite du supportable.

Crédit photographique : © Steven Meyer

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