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Quand Jean-Sébastien Bach passe du café à l’auditorium

et

Du vivant de Bach, rue Sainte Catherine, à Leipzig, le café de Gottfried Zimmermann recevait chaque semaine les musiciens du Collegium Musicum, fondé par , dirigé par Jean-Sébastien Bach entre 1729 et 1739. Ils donnaient des concerts devant des mélomanes attentifs et avertis. Cantates profanes et musique instrumentale était alors au programme. Il n'est donc pas étonnant que , dont on connaît la passion pour Bach qu'il ira jusqu'à incarner au cinéma dans le film de Jean-Marie Straub, Chronique d'Anna Magdalena Bach en 1967, retrouve l'ensemble instrumental , fondé en 1998 par et , pour interpréter la musique du Cantor.

Mais aujourd'hui, à Dijon, le vaste auditorium a remplacé le . Et c'est ici qu'entrent et ses solistes devant un public bien peu nombreux. Lorsque la première sinfonia, dotée de trois trompettes et timbales, commence, le son semble quelque peu restreint dans ce volumineux espace. Certes, la direction de Leonhardt est précise, dynamique et les instrumentistes impliqués, voire habités. Mais il n'empêche… L'impression se confirme par la suite, aussi bien par la seconde sinfonia que dans les interventions des solistes et du chœur dans les cantates. Le dynamisme des cordes, la sensibilité de la jeune flûtiste soliste lors de la deuxième sinfonia, l'aspect rebondissant et parfois incisif des bois, l'homogénéité des voix du chœur ainsi que celle du quatuor de solistes sont à relever.

D'ailleurs, précisons que l'alto, , a subtilement su envoûter les auditeurs grâce à sa voix très feutrée presqu'irréelle, tandis que la basse Stephan MacLeod s'est imposé par une présence indéniable. Charles Daniels, le ténor a retenu l'attention par ses interventions subtiles. Monika Frimmer, la soprano, reste un peu un cas à part dans la mesure où elle fait montre d'un côté extraverti très prononcé dans ses soli, avec des aigus parfois un peu tendus, côté extraverti qui tranche avec le calme de ses collègues masculins. En revanche, dans les parties chantées à plusieurs, elle se canalise parfaitement.

Les cantates profanes ont certes été bien servies par un Gustav Leonhardt qui reçoit une ovation bien méritée. Mais elles sont desservies par un lieu vraiment inadapté à un effectif restreint et à des instruments anciens. Le grand théâtre dijonnais aurait été certainement plus adapté. C'est dommage.

Notons que Gustav Leonhardt et le Café Zimmermann ont enregistré chez Alpha ce répertoire de cantates profanes.

Crédit photographique : Gustav Leonhardt © DR

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