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Un romantisme à la fois sage et enlevé

Camerata de Bourgogne

Une ovation pour un concerto magistralement enlevé par un au mieux de sa forme et de son violon ! Le Concerto de Beethoven qui ouvrait la deuxième partie de la soirée a su soulever l'enthousiasme de la salle comble de l'auditorium dijonnais qui en redemandait… et qui en a eu encore, avec deux bis : une pièce de Paganini extrêmement virtuose et une Sarabande de Bach pour calmer le jeu et terminer la soirée plus paisiblement. Du très beau violon, vraiment, à la fois chaleureux dans le son, avec des différences de nuances à la fois subtiles et surprenantes. Les thèmes beethoveniens, tour à tour légers et plus sombres, prennent sous les doigts du violoniste des caractères bien marqués, de même que les cadences qu'il effectue avec une facilité et une aisance déconcertantes. Il excelle vraiment dans les trilles et autres doubles cordes, ou encore dans les sauts de grands intervalles ou arpèges. Notons que dans ce concerto, il dirige à peine l'orchestre qui connaît bien sa partie et suit le chef-soliste avec facilité. Un regard, un signe de tête, une respiration un effet d'archet pour être ensemble. Dans cette deuxième partie, une direction extrêmement minimaliste pour un résultat éloquent, tant pour l'orchestre que pour l'éblouissant instrumentiste.

Aujourd'hui, outre le fait de s'être imposé comme un violoniste hors pair qui joue un magnifique Guarnerius de 1734, passe de l'autre côté de la baguette. La Camerata de Bourgogne l'invite à sa direction depuis trois ans maintenant. Qui a oublié son interprétation du Concerto de Mendelssohn l'année dernière ? Et c'est sous cette double casquette qu'il s'est produit à Dijon avec un répertoire qu'il connaît bien : Beethoven.

Outre le Concerto, le concert offrait en première partie la Symphonie n°3, dite « Héroïque », que Beethoven souhaitait initialement dédier à Bonaparte, en qui il saluait le héros libérateur. Seulement à peine l'œuvre achevée, Napoléon Ier succède à Bonaparte. Fou de rage, Beethoven raye sa dédicace et déclare : « Ce n'est donc rien de plus qu'un homme ordinaire ! Maintenant il va fouler au pied tous les droits humains. » Toute la fougue et l'héroïsme du héros romantique transpirent dans ces pages interprétées bien trop sagement par la Camerata. Les instrumentistes qui composent l'orchestre sont pourtant de qualité, même si l'on peut regretter leur nombre bien restreint pour une symphonie de Beethoven. L'ensemble ne sonne pas mal, et il y a même des moments de réel plaisir, surtout dans les passages légers voire un peu dansants. C'est du moins ces atmosphères que veut faire passer. Malheureusement, surtout dans les passages lents – le point culminant sera évidemment le deuxième mouvement – il faut le dire : on trouve la marche funèbre vraiment longue, avec un accablement dont on voudrait se passer. Par ailleurs, dans les passages plus allègres, l'orchestre est parfois en décalage, les thèmes pas toujours mis en valeur par rapport à l'accompagnement. On regrette un manque d'homogénéité. Mais on aura tout de même plaisir à retrouver Régis Pasquier l'année prochaine, en tant que concertiste.

Pour poursuivre l'atmosphère toutefois festive de la soirée, il est possible de retrouver le concerto beethovenien par Régis Pasquier et l'orchestre de Chambre baltique, sous la direction , un enregistrement chez Calliope.

Crédit Photographie : © DR

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