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Un superbe Trio qu’on aurait bien voulu entendre…

Trio Guarneri

Chaque année l'Auditorium de Lyon intègre dans une programmation déjà riche et diverse une série de concerts prestigieux placés sous l'appelation « les grands interprètes », où sont invités des artistes tels Hilary Hahn, Arcadi Volodos ou Alfred Brendel. Le concert de ce soir était lui assuré par trois autres grands interprètes que sont Ivan Klansky, Cenek Pavlik et Marek Jerie, membres du , dans un programme Mozart, Brahms et Schubert.

Hélas, inviter des grands interprètes ne se traduit pas forcément en des concerts de grande qualité… la faute non aux musiciens, mais à tous ces autres petits détails qui participent à la médiocrité d'une soirée, la taille disproportionnée et la piètre acoustique d'une salle de concert par exemple. Idéal pour les concerts symphoniques, le volume spatial de l'Auditorium de Lyon ne rend tout simplement pas justice à l'intimité de la musique de chambre, et génère bien des frustrés parmi les spectateurs. Des spectateurs ce soir qui remplissaient d'ailleurs à peine la moitié de la salle, accentuant ainsi davantage le caractère absurde d'un concert de musique de chambre donné dans un espace aux dimensions aussi galactiques.

Mozart ouvrait le bal, avec son dernier trio pour piano et cordes, K. 564, composé en 1788 juste après le fameux Divertimento K. 563. Une œuvre elle aussi « divertissante » et facile d'accès tant sur le plan de l'interprétation que de l'écoute, caractérisée par une légereté et une gaieté omniprésentes qui ne se voilent que dans le mouvement lent, d'un ton plus délicat et incertain. Les musiciens tchèques ont joué avec la grâce nécessaire, même si la justesse n'était pas complètement au rendez-vous. La clarté musicale de Mozart a quelque peu compensé l'acoustique défectueuse de la salle, ce qui n'était pas le cas en revanche pour le trio n°3 op. 101 de Brahms, dont la densité de l'écriture et le caractère nettement plus symphonique ont semé une certaine confusion sonore. Vigoureux et passionnés, les musiciens ont pourtant parfaitement bien maîtrisé la partition de bout en bout, mais les instruments étaient tour à tour noyés les uns par les autres, surtout que Brahms se plait à jouer avec les couleurs demi-teintes.

C'est finalement dans le Trio n°2 de Schubert que les artistes ont pu s'exprimer le plus favorablement pour le plus grand bonheur d'un public privé de véritable émotion depuis le début du concert. Le lyrisme généreux de Schubert, la clarté des lignes mélodiques et les échanges plus nets et évidents entre les trois voix ont permis à la musique de voyager plus facilement en direction des oreilles du public. Le Trio Guarneri a été excellent ; ils ont su créer une symbiose sonore très homogène, privilégiant l'expression collective au détriment des personnalités individuelles, le tout avec une technique musicale remarquable et une synchronisation sans faille.

Le public, fortement enthousiasmé, a pu savourer en bis un extrait du Trio dumka et la fameuse Humoresque d'Antonin Dvorak, un compositeur avec lequel les musiciens tchèques se sont sentis naturellement à leur aise …

Crédit photographique : © Vincent Dargent

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