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Hommage à Jean Wiener : Concert-fleuve en inventaire à la Prévert

Bonne idée que de fêter . Vous ne connaissez pas ? Du temps de l'ORTF puis de TF1 à la fin des années 70, la ritournelle qui illustrait la série Histoires sans paroles (petites saynètes en noir et blanc à la gloire du cinéma muet) tous les dimanches après-midi était un arrangement fait par notre héros de Chicken Reel, une chanson de Joseph M. Daly. Aujourd'hui le nom de Wiener n'est resté que pour ses musiques de film (cinéma comme télévision), 350 au total, dont Knock ou le triomphe de la médecine, Le crime de monsieur Lange, Touchez pas au grisbi ou le Comte de Monte-Cristo. Il fut bien plus que cela, créateur en France d'œuvres de la Seconde Ecole de Vienne par ses « Concerts métèques » et « Concerts Salades », promoteur de pièces de ses contemporains Stravinsky, Milhaud, Françaix, etc.

Le concert proposé par Philippe Maillard Productions sur l'initiative de s'inscrit délibérément dans l'esprit des soirées organisées par Wiener, avec des extraits, des pièces très courtes, pour petits ensembles. Le banal y côtoie l'excellent, tant au niveau des œuvres que des interprètes.

Oublions Benoît Fromanger, visiblement en méforme, dont la sonorité émaillée d'un souffle trop important ne rend service ni à Varèse ni à Debussy. Oublions aussi Paul Lay, pianiste de jazz qui se prend pour Fazil Say, au point de planter son partenaire dans la version quatre mains du Bœuf sur le toit de Milhaud. , Eric Lacrouts et Marie-Paule Milone laissent une impression mitigée. Le ténor, doté d'un joli timbre, n'évite pas les pièges d'une intonation difficile – les mélodies extraites des recueils Chantefables et Chantfleurs sont derrière leur apparente naïveté d'une difficulté solfégique redoutable. Le violoniste tout comme la violoncelliste ne semble pas à l'aise dans cette musique si typiquement française, joyeusement néoclassique et polytonale. A l'inverse, leur lecture de Verkläkte nacht de Schœnberg dans un arrangement pour trio avec piano d'Eduard Steuermann force l'admiration, avec une recherche minutieuse de coloris et un subtil équilibre entre les trois instruments.

Après ces quelques réserves, il revient de droit de louer l'altiste Françoise Gnieri, qui interprète avec finesse la suite Riz et jeux (avec ses sous-titres évocateurs : risotto, riz à la créole, etc. ). Mais l'interprète principal de la soirée, , mériterait un plus grand coup de projecteur. La technique est sûre, le jeu toujours égal, le tout allié à une recherche des timbres des plus subtiles. A l'aise tout autant comme soliste que comme accompagnateur, est convaincu de la musique de Wiener. Et nous convainc aussi. A priori un disque devrait suivre…

Crédit photographique : Denis Pascal © DR

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