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Rendre à Strauss ce qui est à Strauss

Orchestre National d'Île de France

Il est maintenant de tradition qu'à Noël l'Esprit Saint et l'esprit de Vienne visitent à eux deux les multitudes. Alternative à un programme monographique des valses de Johann Strauss père ou fils, l'Orchestre National d'Île- de- France a proposé ce soir un répertoire varié incluant Mozart et . Un programme de fête unique dans la programmation des orchestres parisiens, sous la baguette du chef allemand .

L'actuel directeur musical de l'opéra de Halle, également plébiscité sur la scène internationale (opéras de Stockholm, Séville, Nice, New York ou Los Angeles), a ouvert le bal avec justesse dans l'irrésistible ouverture de la Chauve-Souris de Johann Strauss (1874). La fougue mesurée de l'orchestre a permis d'entamer avec sérieux la suite du Chevalier à la Rose de (1910) jusqu'à ce que la valse réclame ses droits dans le troisième mouvement, avec une mélodie empruntée à son homonyme. Dans les parties solistes, les chefs d'attaque – et particulièrement les premiers violons solos – ont assumé leur rôle avec sensibilité et un caractère chambriste très appréciable.

A l'écart des stéréotypes grâce à un chef inspiré, Le Beau Danube Bleu en seconde partie, a vu l'orchestre donner le meilleur de lui- même. Et cela malgré une certaine raideur cartésienne et un pupitre de cors inconstant. L'enchantement du début s'est poursuivi dans une interprétation toujours surprenante.

A sa suite, l'air de concert pour violon et soprano de Mozart a insufflé au programme une once de spirituel. Deux solistes, deux approches différentes : celle de la jeune violoniste, et premier violon supersoliste, récompensée au Concours Long- Thibaud en 2002 pour la meilleure interprétation de Mozart et celle de la soprano arménienne , entendue dans Wagner, Verdi ou Alban Berg. La première, douée d'une étonnante humilité, a manifesté autant d'aplomb que d'aisance dans ce duo inattendu, tandis que la seconde a brillé par son phrasé et sa diction.

Enfin, après les Légendes de la forêt viennoise, à la surprise de l'audience, le concert a pris fin sur les très festives Voix du printemps de Strauss fils, avec soprano. Si la soliste n'était sans doute pas ici dans son répertoire de prédilection, elle a néanmoins su briller par ses vocalises déliées et une aura scénique remarquable.

Au vu de la réussite de ce programme mené par un chef de premier ordre, il est à se demander pourquoi, à cette période, Paris boude ce répertoire…

Crédit photographique : © Isabelle de Rouville

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