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Francesco Tristano Schlimé… Beau, tout simplement.

Étrange le programme de la Philharmonie qui nous offrait deux jours consécutifs les Préludes de Debussy, Premier livre. Intéressant pour comparer deux talents bien distincts, celui de Radu Lupu et de . Et les exécutions étaient tellement différentes. La veille, Radu Lupu nous avait donné une interprétation certes talentueuse, mais assez distante, plutôt froide, voire surréaliste. Ce soir, Francesco Tristano nous a régalés avec un jeu tellement fougueux, expressif et plein de relief. Ses Danseuses de Delphes étaient d'une légèreté, d'une douceur et d'une souplesse sans pareille. Ses Voiles étaient fluides et d'une grande transparence. Ses collines d'Anacapri étaient tout à fait colorées et joyeuses. Ses Pas sur la neige étaient tellement feutrés et tristes qu'on en avait la chair de poule. Son vent d'ouest faisait peur. Sa fille aux cheveux de lin était élégante, belle et romantique. On croyait entendre les cloches de sa Cathédrale engloutie timbrer sourdement dans la profondeur de l'eau. On imaginait les lourdes portes s'ouvrir lentement nous rappelant la Grande Porte de Kiev de Moussorgsky. C'était grandiose. Et pour finir, il nous a emmenés dans une danse de Puck espiègle et des Minstrels remplis d'humour.

Francesco Tristano en nous baladant dans cette suite de tableaux tout à fait impressionnistes et d'une grande beauté, a interprété l'œuvre de Claude Debussy avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité. On a envie de dire qu'il a tout compris!

Dans la seconde partie, le jeune artiste, très à l'aise, a entraîné le public dans un enchaînement continu, sans pause entre Frescobaldi, Berio, ses créations personnelles tirées de son CD Not For Piano et ses improvisations. Il fallait oser… L'auditoire un peu bousculé dans ses habitudes «classiques» en a eu le souffle coupé. Mais finalement, il a été complètement charmé par le talent et la virtuosité de l'artiste. Les Toccate de Frescobaldi avaient un accent contemporain. La liaison avec l'improvisation Nach Wasser, noch Erde coulait de source.

Francesco Tristano a répondu à l'enthousiasme du public en offrant deux bis, The Melody et Tango qui ont été chaudement ovationnés.

Pendant le récital, la salle, souffrant de maux saisonniers, toussait beaucoup. Et chose plus rare, deux personnes ayant eu un malaise ont dû être évacuées. Francesco Tristano s'est montré imperturbable, continuant à jouer, concentré sur son piano. Cela ne devait pas être évident… Là aussi, il a parfaitement maîtrisé.

Crédit photographique : © DR

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