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Musique savante chinoise dans toute sa splendeur

Opéra de Pékin

Depuis sa rénovation, la Salle Pleyel met tout en œuvre pour ne plus être seulement le haut lieu de la seule musique classique, et cela grâce à une programmation surprenante et originale, ouverte à tous les genres musicaux « savants ». La programmation de La Légende de Serpent Blanc nous rappelle ainsi que le spectacle musical n’est pas exclusivement occidental. La Chine, et cela de manière bien plus ancienne encore, a très tôt mélangé musique, théâtre et chant. Pourtant, contrairement à son homonyme européen, les acrobaties et la danse ont aussi un rôle fondamental dans l’opéra chinois et la musique ainsi que les gestes y sont très codifiés, permettant à cette forme musicale d’être plus populaire en Chine mais également plus difficilement compréhensible pour des spectateurs étrangers et néophytes.

La Légende de Serpent Blanc exploite le thème des amours contrariées. Bai Suzhen (Serpent Blanc) et Xia Qing (Serpent Bleu) sont deux immortelles qui ont pris forme humaine afin de jouir de la vie terrestre. Pendant leur voyage elles rencontrent Xuxian, un homme qui leur offre son ombrelle lorsque la pluie les surprend. Bai se laisse séduire et devient son épouse. Le bonze Fai Hai, jaloux, persuade pourtant Xu de convaincre sa femme de boire un breuvage spécial afin qu’il découvre sa vraie nature. Mais cette découverte surprenante manque de le tuer. La dévouée épouse brave tous les dangers pour ramener du Mont des Immortels la plante qui pourra le sauver. Une fois Xu rétabli, une guerre s’engage entre les partisans de Fai Hai et ceux des deux immortelles… Bai et Xu finiront cependant par retrouver le bonheur de vivre ensemble.

Ecrite en 1952 par Tian Han, la version de Jingju (opéra de Beijing/Pékin) de cette très ancienne légende est interprétée par la Troupe de l’Institut d’Opéra de Pékin de la ville de Dalian, une troupe dirigée par Yang Chi qui est considérée comme la meilleure de Chine. Cette interprétation magnifique n’empêche pas cependant le néophyte que nous sommes d’être dans un premier temps dérouté par cette expression lyrique inconnue. La musique de l’opéra chinois paraît répétitive, toujours fondée sur le même thème, l’action ralentie, les gestes stylisés et exagérés (les codes de l’opéra chinois qui restent hermétiques pour le spectateur occidental). Pourtant, au fur et à mesure, grâce aux surtitres, l’histoire finit par nous happer. Jusqu’à cette fabuleuse séquence de bataille où la musique hallucinée, essentiellement percussive et presque orageuse (et qui répond de façon étonnante aux bruits de pas et aux sons des drapeaux sur scène), et les acrobaties incroyables des acteurs, dans un foisonnement étourdissement de couleurs, finissent de nous convaincre tout à fait. La Légende de Serpent Blanc permet ainsi une approche émotionnelle, spectaculaire et expressive de l’art lyrique Chinois. Une belle découverte… On espère que la Salle Pleyel poursuivra l’expérience.

Crédit photographique : © DR

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