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« Nach der züffert und buechstaben », la quête du charme

Ce disque est le fruit d’une découverte, celle d’un de ses nombreux manuscrits qui dorment dans des fonds centenaires, attendant qu’un musicien en quête d’une perle précieuse, vienne à le réveiller. Si tous les compositeurs que l’on retrouve dans ce programme ne sont pas inconnus des amateurs de la musique pour luth, ces pièces attendaient sur des tablatures d’un codex (Le Codex Claustroneoburgensis 1255) de l’Abbaye de Klosterneuburg ce luthiste en quête.

Ce CD nous propose ainsi d’entendre des pièces de Jacques Gallot, dont on retrouve un peu partout en Europe sous sa signature « Le vieux Gallot » des manuscrits qui ont déjà l’objet d’enregistrements de référence (dont entre autre chez l’Astrée par Hopkinson Smith, le maître du luth). L’une des caractéristiques de Jacques Gallot est de donner des titres à ses pièces, souvent de personnages, comme ici La Dauphine (mais on connaît déjà fort bien La Fontange ou La Montespan) ou en tout cas se rattachant à un thème, comme ici La Royale (sa pièce la plus connue étant Les Castagnettes). On trouve également ici d’autres compositeurs français (comme François Dufaut) ou européen (comme Jacques Bittner) et enfin autrichiens comme Ferdinand Ignaz Hinterleitner ou Johann Antonin Losy.

Le Codex est semble –t-il le fruit d’une compilation due à un amateur au goût certain, peut – être un musicien. Et ce manuscrit ce jouant des musicologues contemporains livre également quelques jolies pièces anonymes à la curiosité, anonymat qui pose sur cette musique, un voile mystérieux qui fait du luth l’instrument des poètes. Les annotations ou plutôt leur absence, offrent ainsi à l’interprète de livrer son âme à cette musique afin de nous la faire revivre avec une grande liberté et délicatesse.

Hubert Hoffmann n’est certes pas Hopkinson Smith, la prise de son est un peu sèche, mais sa démarche semble sincère et ponctuée de doute, laissant courir une réelle sensibilité sur les notes et les accords afin de nous faire revivre cette musique perdue et si profondément humaine.

La lumière un peu trop franche qui éclaire ces pièces, n’empêchera pas un simple amateur de trouver du charme, à ces instants d’intense mélancolie où le temps semble parfois s’arrêter pour mieux nous libérer des contraintes.

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