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Prades 1956 : toute la puissance créatrice de Schumann

En ces temps-là certains musiciens ont su s'engager politiquement. En guise de protestation contre la prise de pouvoir de Franco, le silence de a fait grand bruit et son retour au concert à Prades à partir de 1950 encore d'avantage.

Rapidement les meilleurs musiciens sont venus retrouver le maître catalan. Le public du festival de Prades a ainsi pu bénéficier de concerts extraordinaires. Ces concerts ont fort heureusement été largement enregistrés et radio-diffusés. Le présent enregistrement du festival de 1956 nous est rendu par l'INA dans un son très satisfaisant. Les deux œuvres choisies sont parmi les plus importantes de Schumann et les interprètes sont les plus considérables du moment. Le résultat est comme il se doit enthousiasmant. Voilà un Schumann romantique, passionné et débordant de vie. Les choix interprétatifs sont dépourvus de toute prudence. La générosité de inspire tous les musiciens : les sonorités sont franches, les phrasés assurés, les nuances extrêmes et le style parfaitement assumé. Il se dégage de l'ensemble une santé généreuse, une force assumée. Lors de sa création, le final du quintette avait déclanché une bataille d'Hernani opposant par exemple Mendelssohn et Liszt. Ici sa hardiesse associée à une certaine lourdeur est totalement assumée semblant décupler la puissance des audaces de Schumann. Le quatuor Vegh était l'un des plus célèbres de l'époque en raison de nombreux enregistrements. L'assimilation du violoncelle de Casals est confondante. Cette rencontre montre comment la mise en commun de la passion peut conduire à une entente parfaite.

jeune et brillant pianiste sera tellement enthousiasmé par la rencontre avec Casals qu'il en gardera à vie une passion pour la musique de chambre et qu'il suivra le maître jusqu'à Malboro. C'est dire si l'osmose entre ces musiciens de génie est grande dans ces concerts !

Certes la folie et la maladie de Schumann méritent qu'on s'y penche, mais ces interprétations remettront à l'honneur une notion fondamentale, qui s'oublie, celle de la force jaillissante de l'inspiration passionnée de , et surtout sa puissance créatrice hors normes. Il ne s'agit certainement pas des versions les plus policées, et techniquement des plus lissées de ces deux chefs-d'œuvre mais il en est peu qui sont aussi fortes et impressionnantes. Les chantonnements de Casals, audibles parfois, seront comme ceux de Gould, musique pour les uns ou parasites pour les autres mais quoi qu'il en soit cet enregistrement inédit en enthousiasmera plus d'un.

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