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Un vent de Mozart

a pensé ce disque autour de la clarinette. On sait la place que tient cet instrument dans l'œuvre de Mozart, surtout à l'époque de sa pleine maturité, sans doute à cause de ce velouté que l'instrument a récemment acquis qui l'a rendu si propre à accompagner les voix de femme dans ses opéras.

Ce choix met en évidence l'intérêt que Mozart porte à certains instruments à vent qu'il traite comme des voix ; au reste la réflexion sur le pouvoir émotionnel de ces instruments habite Mozart dès ses premières œuvres, peut-être sous influence pragoise, et l'on se souvient de l'accompagnement par un cor de basset des plus beaux airs de Mithridate. Autre intérêt du regroupement de ces pièces : elles furent toutes les trois écrites à Vienne dans les années 1784, et toutes les trois d'inspiration maçonnique.

On sait que Anton Stadler, le clarinettiste pour qui elles furent composées, siégeait dans la même loge que Mozart et l'alliance, merveilleuse de pureté, des clarinettes et des cors de basset dans l'Adagio se retrouve dans les œuvres qu'il composa ultérieurement pour d'autres loges. Ici, cet Adagio splendide, trop peu souvent joué, enchante grâce à la souplesse d'exécution des mélodies, à l'équilibre sonore, à la superbe technique instrumentale. Le Trio des Quilles a, dit-on, été écrit lors d'une partie de quilles dans le jardin de Jacquin, un autre ami maçon de Mozart. Pas une raison pour y voir le figuralisme de la chute successive des quilles, comme certains le font ! Pas une raison pour traiter ce trio avec un enjouement quelque peu expéditif. Le premier mouvement, un Andante se propose comme un dialogue entre le piano et les deux autres instruments, son unique thème fait d'une affirmation grave et forte à laquelle succède une question inquiète, passant de l'un aux autres dans une sorte de célébration de l'amitié et de l'idéal maçonnique. Or le tempo choisi est beaucoup trop rapide (5'23), sans presque de différence avec celui du menuet qui suit. Le thème est exposé au piano platement, sans nuances. Le trio du menuet, quant à lui, si tragique, est exécuté avec une sorte froideur par . Le piano, dans cette interprétation, devient un simple instrument d'accompagnement, superficiel, léger, marquant trop les premiers temps. On est loin de Jean-Claude Pennetier dialoguant avec Michel Portal et Bruno Pasquier et l'œuvre en souffre.

On retrouve dans le Quintette le même équilibre des sonorités que dans l'Adagio, la même précision rythmique alors que le pianiste déçoit encore, pas assez présent et accélérant le mouvement de l'allegretto jusqu'à forcer ses partenaires à lui courir après comme ils peuvent.

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