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Pour rendre hommage à Joe Zawinul

Né à Vienne, musicien de Miles Davis, cofondateur avec Wayne Shorter du groupe mythique Weather Report (où jouait également le bassiste légendaire Jaco Pastorius) puis fondateur du Jœ Zawinul Syndicate, le pianiste et compositeur Jœ Zawinul fut un pionnier de l'électronique et une figure majeure du jazz rock. Après son décès le 7 août 2007 d'un cancer de la peau, quoi de plus naturel que de remettre au goût du jour un concert de l'artiste à Munich en 1989. L'occasion aussi de découvrir un musicien hors norme.

En 1989, The Immigrants et Blackwater viennent de sortir. Le pianiste est déjà très orienté musique électronique : tout au long de ce concert, on l'entendra ainsi jouer à l'aide d'un simple clavier les instruments à vents qu'il affectionne, des sonorités qui préfigurent l'échantillonnage numérique et la synthèse instrumentale d'aujourd'hui. Si Jœ Zawinul est limité par la technologie de l'époque, bien loin du réalisme actuel, il fait preuve de sensibilité et d'une grande expressivité lorsqu'il manipule ces sonorités déroutantes, n'hésitant pas à abuser des capacités offertes par le jeu au clavier d'instruments émulés, aussi bien dans des solos que dans l'accompagnement harmonique.

Le concert commence en fanfare, par des morceaux énergiques dans l'esprit rock, avec des soli free jazz endiablés et des rythmes qui préfigurent presque le R'&B. Alors que cette débauche de démonstrations techniques virtuoses commence un peu à nous lasser, le Jœ Zawinul Syndicate semble nous entendre et entame deux compositions plus intimistes et envoûtantes, Solitude de Duke Ellington et Shadow and Light de Jœ Zawinul, chantées par la voix chaude de deux chanteurs noirs habités : Leata Galloway et Carl Anderson. Une improvisation world (non dépourvue d'humour) nous rappelle combien l'artiste, blanc, était ouvert et combien il a « contribué à la compréhension entre les peuples » (livret du DVD), notamment entre le peuple noir, pionnier du jazz, et le peuple blanc, ségrégationniste et donc exclu du jazz traditionnel. Deux morceaux déchaînés concluent ensuite en beauté ce document d'anthologie.

Un DVD à voir pour rendre hommage à ce musicien d'exception… ou pour le découvrir, tout simplement.

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