- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Bach dans la grande tradition alsacienne

Ce nouvel enregistrement du Petit livre d'orgue de , encore connu sous le nom de Orgelbüchlein, nous plonge immédiatement dans ce qu'il est convenu d'appeler la grande tradition de l'orgue alsacien.

Depuis toujours, et grâce à sa situation géographique proche de l'Allemagne, l'interprétation de Bach occupe une très grande place dans la formation musicale des musiciens d'église. L'histoire de l'orgue ancien y est très riche depuis la dynastie des facteurs Silbermann au XVIIIe siècle, dont de nombreux témoins demeurent encore bien vivants aujourd'hui. Le vingtième siècle avec des figures comme Albert Schweitzer, et une école d'orgue de haut niveau ont perpétué ce savoir faire tout à fait unique. André Stricker, et son collègue Michel Chapuis ont formé de nombreux disciples au conservatoire de Strasbourg, dont entendu ici.

Les 45 chorals de ce recueil devaient servir d'études à l'apprentissage de l'orgue, en particulier l'usage du pédalier, mais aussi de préludes au chant des chorals. Judicieusement la plupart des thèmes faisaient partie des plus usités, et permettaient aux fidèles de se mettre en condition de prière et de chant. Pour retrouver cette démarche, s'est entouré de deux solistes soprano et mezzo, qui à l'image du chant de paroisse, nous offrent une version à la fois sobre mais engagée.

Point de lyrisme, mais une belle conviction portée par une foi lumineuse

L'orgue de Mulheisen-Walther construit en 1965 se place lui aussi dans cette optique liturgique : harmonie pleine et ensoleillée, mise en valeur de la polyphonie, le tout sur seulement 27 jeux et deux claviers. Du coup le jeu de l'organiste est fluide, les registrations se laissent choisir d'elles mêmes, et l'alternance du chant, d'une élégance racée. Ces chorals sont encadrés, tel un écrin, par trois grands préludes et fugues que , dissocie en six parties, séparant ainsi les différentes sections du livre d'orgue liées au temps liturgique, en un ensemble logique.

Rendons un double hommage à André Stricker qui fût le maître de Jean-Louis Thomas, et qui lui a transmis son art, ainsi que Robert Baum, le patron des disques Pamina, pour trente années au service de l'orgue alsacien, qui a su nous offrir depuis un véritable inventaire sonore des orgues d'alsace. Comme toujours dans cette collection, et grâce à la complicité de deux fidèles micros Neumann, et de l'oreille de son producteur, la prise de son est exemplaire.

(Visited 114 times, 1 visits today)