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Georg Böhm, il y a une vie à l’orgue avant Bach

Depuis la re-découverte de la littérature organistique Allemande du XVIIe siècle, de nombreux noms sont devenus familiers à nos oreilles : Buxtehude, Bruhns, Lübeck, Tunder, et ce fameux , organiste à Lüneburg. Ce dernier, très important dans cette génération qui a précédé Bach, et que l'on nomme un peu péjorativement « les précurseurs », a marqué son temps par un style très personnel, étrangement inspiré par la France.

Son œuvre pour clavecin en particulier doit de nombreuses tournures à François Couperin, et même si son œuvre d'orgue est bien ancrée dans la tradition nord-allemande, elle opte par exemple pour l'ornementation à la française (manière de réaliser les trilles), et non à l'italienne, très prisée également, et adoptée par d'autres comme Buxtehude.

Par chance, le tout jeune Johann Sebastian Bach, alors recueilli par son frère aîné, et étudiant à l'école Saint-Michel, va rencontrer Bœhm, et bénéficiera auprès de lui d'une première influence marquante, même s'il ne fût jamais officiellement son élève. Bach adoptera dès lors ce fameux système français d'ornementation et de rythmes pointés.

L'œuvre d'orgue se compose de préludes et fugues, de chorals de diverses factures, et de partitas (variations sur des chorals). a choisi une sélection de pièces, représentatives de l'art de Böhm, laissant de côté les partitas, d'avantage destinées au clavecin. Beaucoup d'élégance dans son jeu, soutenu par un instrument très adapté, de style nordique, et réalisé par l'excellent facteur luxembourgeois Westenfelder en 1992.

Certes dans cette musique, on reconnaît des influences venues des quatre coins de l'Europe, mais le génie de Böhm est entier, son discours lui appartient pleinement, comme dans le choral orné Vater unser (Notre Père), son chef d'œuvre : sur un accompagnement haletant d'accords en batterie, le choral monte et chante inexorablement, avec une perfection digne de Bach lui-même. Les préludes et fugues sont festifs à souhait, et l'organiste les conduit de main de maître. Il est vrai que est un spécialiste de l'orgue ancien en Belgique, étant lui-même titulaire du grand orgue renaissance de Saint-Jacques de Liège.

Böhm en bon allemand, est un rassembleur des styles, militant des goûts réunis, sa musique d'orgue en est une expression flagrante, et dans une discographie assez pléthorique, tire une belle épingle de son jeu, et nous propose là une version de tout premier ordre, à la gloire de l'organiste de Lüneburg.

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