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Musique de pèlerinage à Monserrat

Si celui de Saint-Jacques de Compostelle est le plus connu, un autre pèlerinage – toujours situé en Espagne – a lui aussi suscité beaucoup de déplacements tout au long du Moyen-Âge, celui de l'abbaye de Montserrat, près de Barcelone. Une statue de la Vierge Marie y était vénérée et l'on se déplaçait souvent de fort loin pour pouvoir l'approcher. Afin de gérer au mieux les afflux de pèlerins, les moines – chose surprenante – avaient autorisé ces derniers à séjourner aussi bien sur le parvis de l'église que dans cette dernière. Plus surprenante encore est la liberté qu'ils avaient accordée à tous de chanter, danser et faire de la musique dans l'église même pourvu que ne soient jouées que des chansons pieuses et que cela ne dérange pas ceux qui désiraient prier. Par chance, il nous est parvenu un recueil datant de la fin du XIVe siècle qui consigne et les textes des prières en latin, catalan ou occitan et les musiques qui y étaient associées. Les vicissitudes de l'Histoire ont conduit cet ouvrage, qui a bien failli disparaître lors des guerres napoléoniennes, à se retrouver pourvu d'une couverture de velours rouge, d'où son nom actuel de Livre Vermeil de Montserrat.

a imaginé une reconstitution assez plausible de ces musiques en confiant à chaque groupe de musiciens un rôle : les membres de l'ensemble Psallentes (des hommes) incarnent ainsi les moines, ceux des Pastoureaux (des enfants) sont les enfants de l'école monastique et le Chœur de Namur (mixte) joue le rôle de la masse des pèlerins. Quant aux musiciens de l'ensemble Millenarium, ils assurent le liant entre toutes les formations citées. Sur les vingt plages de ce disque, seule la moitié est directement issue du Llibre, les autres étant le plus souvent des ajouts de pièces instrumentales ou vocales contemporaines, ce qui passe très bien et ne casse pas la continuité du déroulement de la cérémonie. On y trouve des pièces monodiques et polyphoniques donnant une bonne idée de ce qui se faisait tout au long du XIVe siècle. L'ensemble est bien chanté et joué et est très agréable à écouter sans être novateur car, ça ou là, on retrouve de manière assez frappante quelques idées d'interprétation déjà présentes dans la version de Jordi Savall, sortie en … 1979.

Comme quoi les bonnes idées, comme les bonnes musiques, ne vieillissent pas alors ne boudons pas notre plaisir et replongeons nous plus de six cents ans en arrière.

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