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La guitare de Bertrand Chavarria

C'est au Mexique que -Adrete commence des études de guitare qu'il va poursuivre en France au conservatoire d'Aulnay sous Bois tout d'abord, avec son professeur Raymond Gratien, puis au CRN d'Aubervilliers, dans la classe de perfectionnement de Jean Marc Zvellenreuther et avec Zoran Dubic au Conservatoire Royal de La Haye où il obtient une maîtrise en guitare classique contemporaine. Il s'oriente dès lors vers le répertoire d'aujourd'hui, sollicitant des compositeurs vivants bon nombre d'œuvres nouvelles inscrites à son répertoire et qui figurent dans cet album aux côtés de pièces plus anciennes comme la Sonata de .

fait appel ici à une majorité de compositeurs sud américains pour qui la guitare reste cet instrument familier, medium idéal pour véhiculer dans un langage personnel et singulier les rythmes et pattern de leurs racines culturelles.

Dans un jour comme celui-ci le compositeur d'origine argentine travaille sur la convergence et l'interaction de différentes sources de tradition orale (andalouse, japonaise et sud américaine) rejaillissant dans son écriture en une stylisation racée, une cambrure rythmique élégante et une séduction sonore qu'opère à coup sûr le charme des échelles « détempérées ». Si Campana ménage des plages de pure poésie sonore, il procède aussi à une investigation virtuose des possibilités résonnantes de la guitare, amplifiée par le jeu de la percussion dans Only two, un « mix » explosif et lumineux, pulsé par les rythmes du tango.

Du compositeur basque Iñaki Estrada, Begiratzalearen Nahia (la volonté de celui qui regarde) oscille entre un discours serein et des accès de rage tempétueux dont donne la pleine mesure par le biais d'effets percussifs et spectaculaires obtenus sur sa guitare. Dans Oreka (Equilibre), la flûte très suggestive de Clara Novakova instaure avec la guitare un discours interactif tissant au fil des rencontres une fine dramaturgie sonore. Les 8 Microfonias du compositeur mexicain Nicandro Tamez mettent à l'œuvre les richesses de l'imaginaire sonore de Bertrand Chavarria dont l'interprétation sensible et inspirée cerne l'univers poétique de ces miniatures aux facettes multiples. Dans la Sonata pour guitare et piano en trois mouvements du compositeur mexicain , le jeu très clair et le toucher délicat de Natalia Baquero instaurent un équilibre idéal entre cordes frappées et pincées que le compositeur mêle subtilement en un mouvement fluide et coloré. Des qualités que l'on retrouve chez Emmanuel Pautrot, guitariste et compositeur, qui, dans Divaguer, note au fil de la plume quelques « impressions guitaristiques »

C'est une approche très personnelle, en amoureux du son et de sa résonance, que nous livre dans Zamba, sa première pièce écrite pour la guitare qu'il a lui-même longtemps pratiquée au début de sa carrière de musicien. Si le titre de la pièce fait référence à la danse de son pays d'origine l'Argentine, l'œuvre concentre davantage l'écoute sur les richesses du timbre de l'instrument dans une quête sonore passionnante menée durant tout le début de l'œuvre. La deuxième partie, agrandissement de la première, laisse sourdre, à travers la figure obsessionnelle du « tremolo », une énergie intérieure et vitale, celle de la danse qui habite le compositeur et dont il esquisse les courbures rythmiques avec une intensité vibrante et une fougue contenue qui se libère dans des projections sonores inouïes. Bertrand Chavarria réalise là une magnifique performance d'artiste, engagé dans son art et maître absolu de son instrument.

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