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Annonciation d’Angelin Preljocaj : ballet de corps

Pour la reprise du délicat duo féminin Annonciation, qui fait également partie du répertoire du Ballet de l'Opéra National de Paris, a choisi d'opposer deux danseuses très différentes.

A la finesse de la danseuse qui incarne la Vierge, surprise dans sa solitude et sa mélancolie, s'oppose la raideur un peu masculine, plus autoritaire, de la danseuse qui interprète l'ange. Toutes deux s'approprient avec précision le style athlétique et exigeant du chorégraphe.

Plus sensuel, le duo masculin Centaures est extrait de La peau du monde, une pièce organique de 1992. On y retrouve les collants chair parcourus de cuir et les lumières tamisées qui dessinent ombres et tatouages sur les corps à demi nus des danseurs. Glabres, crânes rasés, ces centaures fiers ou blessés endossent avec beaucoup de grâce une gestuelle masculine-féminine toute en douceur et en subtilité.

Mêmes maillots chair, même tulle arachnéen pour les danseurs d'Eldorado, la toute dernière création du Ballet Preljocaj, mais sans la subtilité et la délicatesse qui leur sied. Le chorégraphe y emploie une écriture beaucoup plus structurée que dans ses pièces récentes, dans une esthétique de corps de ballet où l'hétérogénéité des danseurs peut gêner alors que les danseuses présentent un physique plus homogène. Cette pièce témoigne de la « nouvelle manière » du chorégraphe, très sollicité par de prestigieuses compagnies classiques, et modifie son approche du corps dansant. La recherche de l'excellence technique, d'une performance physique, le goût affirmé pour les lignes et la géométrie, le savoir-faire du chorégraphe, tout concourt à faire d'Eldorado un produit idéal pour l'international. Prisonnier de la carapace formelle de la partition de Stockhausen, avec lequel il a pourtant longuement dialogué avant la création, n'en offre qu'une lecture au premier degré à laquelle on reste indifférent. Une absence de sensibilité musicale bien différente de celle dont nous fait cadeau Anne Teresa de Keersmaker à chacune de ses créations.

Crédit photographique : © J-C Carbonne

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