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Tôn-Thât Tiêt par Musicatreize : Des contes et des pays lointains

L'arbalète magique commandée par au compositeur vietnamien est le deuxième des sept contes musicaux qui verront progressivement le jour dans le cadre d'un vaste projet lancé en 2006 par .

Il s'agit de réunir écrivain, compositeur, metteur en scène mais aussi illustrateur puisque la représentation – possible d'ailleurs en oratorio – est accompagnée d'un livre-disque diffusée dès la création du conte musical. Chaque commande est soumise à un cahier des charges très précis : « La durée de chaque conte ne dépasse pas 55 minutes et le propos qui y est tenu, tiré directement de la plume d'un écrivain bien vivant ou puisé au fond de l'immense mémoire collective des contes et légendes, s'adresse à un large public, public sans âge mais sans préjugés. La mise en scène sera légère, essentiellement axée sur les costumes et un travail sur la lumière. La scénographie du spectacle ainsi que l'illustration du livre-disque seront signées par le même artiste ».

Après Les sorcières de Chagas Rosa, L'arbalète magique de Tôn-Thât Thiêt, tiré du fond légendaire vietnamien nous retrace l'histoire d'amour, innocente autant que cruelle, d'une princesse vietnamienne et d'un prince chinois d'une époque très éloignée dont le genre, nous dit le compositeur, relève d'une combinaison de l'opéra à l'occidentale, du drame dansé d'Okinawa du Japon et du théâtre traditionnel du Vietnam, « le Chèo ».

Charles-Henri Bradier qui signe là sa première mise en scène parvient avec économie et simplicité à nous plonger dans l'univers merveilleux du conte dont les ressorts dramaturgiques, à l'instar du théâtre populaire asiatique, sont soulignés par les interventions d'une percussion très présente. Concrètement, sur la scène, sont dressés les tréteaux d'un petit théâtre où se concentre l'action avec le lampion rouge et l'ombrelle chinoise pointant la couleur locale ; de part et d'autre se tiennent les musiciens et le chœur qui commente l'action mais, plus encore, nous immerge dans un autre temps par le charme envoûtant de ses sonorités dépaysantes. Très étroitement liées aux timbres de la flûte et de l'alto surlignant les courbes mélodiques, les voix des personnages, alternant le parler et le chanter, empruntent les allures glissées de la langue asiatique dans une stylisation assez proche de celle d'un Sciarrino mais adaptée ici au texte français. Aux côtés du ténor Eric Raffard – le prince – et de la basse Hubert Deny – le roi – très investis dans leur rôle respectif, la soprano japonaise Kaoli Isshiki rayonne dans le rôle de la princesse, conciliant à merveille toutes les composantes esthétiques de l'écriture vocale par la sensualité orientale de son timbre, la rondeur de ses aigus et une diction irréprochable. A la tête de l'ensemble, aussi discret qu'efficace, , maître d'œuvre d'un spectacle minutieusement réglé, contribue à faire de ce conte musical « une chose unique et mystérieuse ».

Crédit photographique : Roland Hayrabedian © Guy Vivien

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