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Les itinéraires sonores du Quatuor Habanera

Biennale Musiques en scène 2008

Après un premier concert très remarqué en ouverture de la Biennale de Musiques en scène le mardi 4 mars, on retrouvait le au théâtre de Villefranche, partenaire fidèle du Festival, pour une soirée qui sollicitait les forces vives du Conservatoire et des classes à horaires aménagées de l'école Jean Monnet ; puisque tout commençait par un lever de rideau Mômeludies, du nom du groupe éditorial impliqué dans la diffusion de la musique contemporaine à travers la pratique amateur des enfants. Avec Pleine Lune, – compositeur en résidence au studio du Grame pour cette biennale 2008 et actuellement pensionnaire de la Villa Medicis à Rome – imagine un conte fantastique sans paroles qui nous fait voyager dans le son, celui des instruments auxquels se superposent les trames colorées, bruitées et mouvantes des voix d'enfants pour créer des textures étranges émaillées de poésie et d'émotion à fleur de lèvres.

Dans cette même veine pédagogique, Rêve-Homecinéma du compositeur grec tisse des relations interactives, tant au niveau sonore que rythmique, entre les quatre solistes et un ensemble de douze saxophones – la classe du Conservatoire de Villefranche – dans un flux cinétique qui rejoint ici l'univers du cinéma. Composition verticale, une pièce écrite pour le Quatuor Habanéra, est une œuvre puissante et charpentée confrontant la source sonore acoustique aux réponses de l'électronique dans un jeu d'échanges musclés.

Et pour varier les styles et mêler les plaisirs dans un concert astucieusement conçu par ses interprètes, le donnait en transcription – approuvée par le compositeur – les Six bagatelles de Ligeti, des miniatures d'un raffinement sonore absolu dont l'interprétation très ciselée restituait toute l'authenticité ; tout comme celle de Bach d'aillleurs dont les deux Préludes joués en alternance avec les pièces contemporaines ménageaient des plages d'une grande sérénité d'écoute dans cette trajectoire sonore haute en couleurs.

Le concert s'achevait par la pièce en création de , Propaganda, pour quatuor de saxophones et dispositif électronique, une commande du Grame (le studio d'électronique lyonnais dirigé par James Giraudon et Alain Jaffrenou) et du Ministère de la Culture. Courte mais néanmoins fulgurante, l'œuvre nourrit une tension énergique entretenue par les quatre membres du quatuor forgeant les composantes d'un son complexe qui sera propagé dans l'espace par décharges explosives et flamboyantes grâce au dispositif électronique. Réitérant par trois fois ce geste ascensionnel déployé par une virtuosité instrumentale toujours accrue, Bedrossian coupe court avec une fin mystérieuse ; plongeant l'écoute dans un halo de résonances finement coloré, cette page découvre un autre visage, sensible autant que poétique, de ce boulimique amoureux du son.

Crédit photographique : © G. Canet

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