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Concert goût russe

Orchestre National d'Ile de France

Pour ce concert à la salle Pleyel, l'Orchestre National d'Île de France mit à l'honneur trois grands maitres-compositeurs russes : Chostakovitch, Tchaïkovski et Stravinski. Le thème Petrouchka promettait une soirée particulièrement riche aux yeux des auditeurs car la salle était comble, remplissant jusqu'au dernier les strapontins situés derrière la scène. Et ce fut le cas.

Les premières notes de l'Ouverture de fête op. 96 de Chostakovitch révéla un orchestre puissant, imprégné d'un esprit russe endiablé, mené sous la baguette de qui dirigea chaque œuvre sans le soutien de partitions. Nommé chef principal de l'Orchestre National d'Île de France en septembre 2005, Yœl Levi va de succès en succès, variant les programmes avec originalité et offrant ainsi de brillantes interprétations, comme celle-ci. En six minutes seulement, ce fut une explosions de couleur et enchainements de thèmes entrainants, le tout dans un caractère festif et piquant, reflétant bien l'esprit de la Révolution d'octobre, l'œuvre ayant été composée pour fêter son trentenaire.

S'en suit le célèbre Concerto pour piano n°1 en si bémol mineur op. 23 de Tchaïkovski, pour lequel l'Orchestre accueillit Stephen Brotzman au piano. Ce dernier eut une carrière brillante en tant que pianiste, lauréat du Concours Tchaïkovski et Reine Elisabeth en 1990, se produisant en soliste avec de grands orchestres internationaux tels Los Angeles, l'Orchestre de la Radio de Prague, etc. Parallèlement, il pratique le jazz dans des clubs, puis la composition, ce qui lui vaut d'être nommé, en 2004, directeur artistique de l'Orchestre de chambre new-yorkais de Saint Paul, assurant les fonctions de compositeur, arrangeur, programmateur et pianiste/chef d'orchestre. Il interpréta ce concerto avec une grande liberté et une souplesse propre au jazz, assis bien au fond de sa chaise, proposant ainsi une toute autre vision musicale aussi étonnante qu'ingénieuse, moins stricte que ses confrères de l'ancienne école. Tout en dialoguant tendrement avec l'orchestre, une intime communication fascinante s'installait entre le soliste et l'orchestre, celui-ci répondant avec une grande précision, suivant les moindres indications de Yœl Levi, dans un souci de musicalité pure, fidèle au texte. Acclamé par un auditoire conquis, soutenu par l'orchestre, Stephen Brotzman joua une de ses compositions, What I do pour piano seul, comme bis, tant réclamé par tous.

En conclusion du concert, Levi et ses troupes se lancèrent à l'assaut de Petrouchka (malheureusement dans sa version « révisée » de 1947). Fortement engagé, le chef inspira une interprétation quasi théâtrale aux musiciens qui rendirent l'œuvre tout aussi palpitante qu'un spectacle de marionnettes.

Crédit photographique : Yœl Levi © Christian Steiner

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