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Dressed to kill…killed to dress : Concours d’élégance

Les concours d'élégance existent encore en Afrique du Sud. Ils sont l'apanage des Swankas, travailleurs migrants d'origine zouloue, qui vivent dans les bas quartiers de Johannesburg. Après le travail, ils revêtent leurs plus beaux atours et s'affrontent dans des concours d'élégance old fashioned.

a construit son nouveau spectacle autour de cinq d'entre eux, qui se succèdent sur scène à grand renfort de costumes blancs ou colorés, de chemises chatoyantes, de chapeaux flambant neufs, de bijoux clinquants et de cravates, pochettes et chaussettes assorties.

Mais , que les spectateurs français connaissent désormais pour ses spectacles politiques ou subversifs, évoquant le Sida ou les conséquences de l'Apartheid, déjoue les pièges du premier degré auxquels aurait pu la mener ce défilé d'élégants des townships. Elle choisit en effet de superposer à cet étalage chic et choc un double discours en images. Chaque « numéro » est en effet doublé d'un film où le Swanka évolue dans un décor plus authentique (rue, nature…) de son environnement d'origine. Des visions parfois incongrues qui enrichissent l'écriture scénique.

Sur le mode du cabaret s'y superpose une troisième temporalité – prétendument live – des images volées en coulisses où gags et petits mots affichés à l'écran se succèdent. Le tout, mené tambour battant par un maître de cérémonie, sorte de Mr Loyal en bleu, blanc et rouge, est gai et drôle. Réinterprétant la gestuelle si caractéristique de Swankas en compétition et ménageant de vrais numéros de divertissement, grâce aux talents d'une chanteuse lyrique et de ses boys, trace dans ce spectacle, avec dérision et tendresse, les contours d'une Afrique enchantée et joyeuse. Cédant parfois à l'exotisme zoulou, son spectacle n'oublie pas de donner en passant quelques coups de griffes à l'attrait pour la « sappe » ou les « fringues » de ceux dont le luxe est d'abord l'élégance. Ce qui nous vaut, entre autres numéros irrésistibles, le savoureux mime d'un orgasme en sussurant Chanel, Dior ou Gucci. Jusqu'au numéro final, un striptease travesti de toute la troupe, Robyn Orlin et ses danseurs ne se prennent pas au sérieux. C'est fou ce que cela fait du bien !

Pour en savoir plus : Théâtre de la Ville, jusqu'au 20 mars 2008 et « Robyn Orlin, fantaisiste rebelle » d'Olivier Hespel, CND/éditions de l'attribut

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