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La passion et la violence d’Astor Piazzolla

Célébré comme le roi incontesté de la musique argentine, n'a pas toujours aimé le tango, lui préférant le jazz. Et cela, jusqu'à sa rencontre avec le sextette d'Elvino Vardaro. Sa façon différente et désuète de jouer le tango le fascina immédiatement. Rejetant l'idée d'être associé à n'importe quel compositeur de musique populaire, Piazzolla fait du tango une musique d'avant-garde tout en conservant ses racines traditionnelles. Contrepoints, mesures irrégulières, passages fugués, tonalités multiples, vont renouveler ce genre et apporter une bonne dose d'audace et de modernisme à la musique populaire argentine. Considéré comme un véritable hérétique, cet « intellectuel » de la musique va hisser la musique non-savante sur les scènes classiques à l'aide d'un langage chaleureux et humain, sentimental et cérébral en même temps. Cette dualité est la marque personnelle d' qui, dans son écriture, alterne naturellement la mélancolie et la tendresse avec une excessive vitalité et passion à la limite de la violence.

Bien que son nom soit associé à certains tangos « universellement » connus, le compositeur a travaillé sa vie durant, à la composition de plusieurs genres musicaux : bandes sonores, musique de chambre, concertos et musique symphonique. Le cd qui réunit une symphonie, un concerto pour bandonéon et des tableaux sonores en est un exemple. La Sinfonía Buenos, son premier grand travail, met en évidence la capacité de Piazzolla d'aborder diverses formes esthétiques (la symphonie et le tango) sans dénaturer l'une ou l'autre. Conçue en trois mouvements, cette symphonie devait être jouée, à l'origine, par 2 bandonéons et une « lija » (instrument inventé par Piazzolla, constitué de 2 chevalets de violon, un tout petit archet et une caisse harmonique divulguant le son d'une cigale). Les Cuatro Estaciones Porteña que Piazzolla écrivit pour son quintette, semblent être un hommage indirect aux Quatre saisons de Vivaldi. En réalité, à l'exception de quelques références au style baroque comme l'excentricité de certains gestes sonores, rien ne fait penser à Vivaldi. L'arrangement de 1989 pour orchestre symphonique de Carlos Franzetti met l'accent sur l'intensité et le lyrisme de cette composition au caractère sombre. Le Concerto pour Bandonéon et la composition Mar del Plata 70 (arrangement de 1995 pour orchestre symphonique de José Carli) donnent enfin l'idée parfaite de la profondeur de la musique contemporaine et de l'expression musicale extrêmement personnelle de Piazzolla qui évoque « un monde meilleur à travers le langage de la nostalgie ».

Si c'est vrai que jouer la musique de quelqu'un nécessite une communion de pensée, la baguette de Gabriel Castagna, avec une vitalité absolument incroyable, arrive à envelopper dans une atmosphère pleine d'énergie la . Le lien captivant entre les extrêmes de l'émotion et « ce numéro de cordes raides entre félicité et peine » reflète de façon excellente toute la passion de Piazzolla.

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