- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Buxtehude and Co… une belle équipe !

En jargon de discophile, cela s'appelle : une belle bombe à retardement ! L'année s'est achevée officiellement le 31 Décembre 2007, mais les éditeurs n'en restent pas là, puisque Ton Koopman en a encore pour quelque temps avant d'achever son « opera omnia Buxtehude », et Claves nous gratifie ici en 2008, d'un coffret de trois disques, rempli de pépites d'or.

Nous connaissons depuis longtemps l'immense talent de , ancienne élève d'Harald Vogel, le spécialiste incontesté de l'orgue baroque Allemand. Elle fût également membre du Musica Antiqua de Cologne, immergée dans ce monde grouillant de l'interprétation baroque. C'est dire son savoir en ce domaine, qu'elle nous livre à « bras le corps », dans une approche personnelle et compétente du monde de l'orgue à l'époque de Buxtehude. Ce dernier, le plus grand maître de tous, s'entend ici dans toute sa splendeur, dans une sélection judicieusement choisie de 33 pièces caractéristiques de son art. Il faut dire que les moyens mis en œuvre sont d'importance : un choix de cinq orgues historiques miraculeusement conservés et savamment restaurés par J. Ahrend, en particulier celui de Saint-Jacques de Hambourg qui reste l'orgue historique baroque allemand le plus important (60 jeux datent d'avant 1700), un art de la registration poussé à son plus haut niveau, une agogique et un rythme omniprésents. Pour une fois que çà « swingue », il faut le dire ! La dernière partie du prélude et fugue BuxWV 150 en est une parfaite illustration.

En écoutant cette musique, on est frappé par l'effet qu'elle a encore sur nous, presque trois siècles après. Elle nous touche au plus profond de notre être, et cela n'est pas pour rien si Buxtehude est si enregistré encore aujourd'hui, pas moins de 500 ( !) disques recensés au catalogue. N'oublions pas que cet auteur impressionna dans les premières années du XVIIIe siècle un jeune homme organiste, venu exprès de très loin à pieds pour le rencontrer, un certain . Autour de Buxtehude un monde de l'orgue bouillonnant est ici largement représenté : La famille Praetorius, le beau-père de Buxtehude : Franz Tunder, quelques inconnus dont Martin Radeck ou Delphin Strunck, et Bach qui ferme la boucle. Certaines compositions traditionnelles nous sont révélées comme ces immenses magnificat dotés de nombreux versets qui s'inséraient entre le chant, ou encore ces canzone, inspirées de l'Italie.

Les prise de son sont très réussies, suffisamment présentes sans écraser le son, elles glorifient cette rhétorique baroque, cet art du discours et cette jubilation des timbres. Ces compositeurs, que l'on a surnommé les méridionaux du nord, chantent ici sans retenue sur des orgues a qui les spécialistes, organistes et facteurs, ont su redonner leurs voix originales, véritable trésor de l'humanité.

(Visited 202 times, 1 visits today)