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Foerster n’est pas Mahler

(1859-1951), héritier d'une dynastie de musiciens tchèques, a compté parmi les plus notables artistes de son temps. Très doué et hyperactif, il fut organiste, professeur de chant, critique musical (il défend habilement le post-romantisme en général et des individualités comme Grieg, Tchaïkovski, Wagner, Bruckner, Mahler et son compatriote Dvorak), pédagogue apprécié (il enseigne aux conservatoires de Vienne puis de Prague dont il deviendra le directeur), essayiste, poète et peintre à ses heures. Et, bien sûr il reste à la postérité en tant que compositeur parfois teinté de lyrisme fervent mais aussi capable de moments d'exaltation dynamique et entraînante. Ses contacts et expériences musicaux résultent pour une part de son séjour à Hambourg où il suit sa femme, la célèbre cantatrice Berta Lauterer, en 1893. Là, il côtoie assidûment Gustav Mahler et devient son ami intime. Il le retrouvera à Vienne (Mahler vient d'y être nommé directeur de l'Opéra d'Etat) où son épouse a été appelée. Cette relation a conduit à considérer Fœrster comme un disciple du fameux symphoniste autrichien.

Ce n'est pourtant pas le sentiment que l'on en retire à l'écoute de ses deux premières symphonies présentées sur ce CD enregistré l'année passée. La Symphonie n° 1 en ré mineur (1887-1888), quoique contemporaine de chefs-d'œuvre indiscutés comme la Symphonie n° 1 de Mahler, la Symphonie n° 5 de Tchaïkovski, la Symphonie n° 8 de Dvorak, la Symphonie n° 8 de Bruckner, ne leur ressemble aucunement. Son esthétique assurément post-romantique et de belle facture souffre d'un déficit de personnalité. Avec la Symphonie n° 2 en fa majeur achevée en 1893, on découvre une partition certes plus ambitieuse et mieux maîtrisée, légèrement plus singulière mais encore à mille lieues des contemporaines symphonies n° 2 de Mahler, n° 6 de Tchaïkovski, n° 8 de Dvorak, n°9 de Bruckner et même la moins spécifique Symphonie n° 2 en mi bémol de Zdenĕk Fibich dont Fœrster fut un ardent défenseur. L' fondé en 1919, dirigé par le chef allemand avec force et lyrisme en offre une approche très expressive et d'une qualité incontestable mais probablement surpassable. Une honnête célébration d'un passé riche de filiations encore masquées et encore trop souvent injustement ghettoïsé.

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