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Brahms par Jean-Frédéric Neuburger

Après deux disques consacrés à Chopin et le décalé « Art de délier les doigts » de Czerny, Jean- Frédéric Neuburger est à l’honneur des nouveautés avec un enregistrement Brahms. Un programme ambitieux constitué des sonates pour piano et du Scherzo.

Des œuvres de jeunesse que Schumann qualifiait de « symphonies déguisées ». Graver l’intégrale est un véritable tour de force compte tenu de la difficulté d’interprétation. Les références discographiques ne sont d’ailleurs pas nombreuses contrairement à d’autres pièces écrites pour le violoncelle ou la clarinette.

Il y a bien sûr les incontournables tels que Richter et Katchen mais aucun grand concertiste actuel ne s’est jusqu’à présent risqué à juxtaposer plusieurs sonates sur un même disque. Hélène Grimaud avait bien enregistré les opus 2 et 5 au printemps 2000 mais le projet ne vit jamais le jour suite à la fermeture du label Teldec.

Du haut de ses vingt et un ans, Jean- Frédéric Neuburger n’est pas là pour faire de la simple figuration mais pour apporter sa touche personnelle. Globalement, la richesse expressive et polyphonique de la partition est restituée avec clarté et autorité. Le pianiste ne plie devant aucune exigence de tempo et va à l’essentiel. Parfois sur le fil du rasoir, la contrastée sonate n° 1 constitue une redécouverte avec l’urgence de jeu de son Allegro dont l’expression touchante et délicate évoque les univers de Chopin et Schumann.

Malgré un Andante un peu trop intériorisé qui n’atteint pas la profondeur attendue, la sonate n°2 est de la même veine. Si le jeu est puissant, les fortissimo ont le mérite de ne jamais être noyés sous la pédale au point d’obtenir un résultat fort inhabituel. Sa compréhension de la structure et sa cohérence sur la grande ligne lui permettent d’aborder l’opus 5 sans complexe. Nous sommes loin des fulgurances et des contre – chants d’un Kissin mais l’approche reste sensible. Petite déception cependant avec l’andante espressivo et son tempo qui se traine, des ralentis injustifiés en début de mouvement. La prise de son n’aide d’ailleurs pas Neuburger car elle est souvent inégale, sourde et opaque.

En complément, le Scherzo apporte fraîcheur et insolence comme pour nous rappeler que la maturité n’a décidemment pas d’âge ! Au final, un disque délivré par un brillant interprète, qui trouve sa place parmi les références du répertoire Brahmsien.

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