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Jean-Philippe Sarcos : le cirque de l’opéra

Après un curieux Requiem de Verdi à Calenzana, les troupes de investissent au grand complet le Cirque d'Hiver pour un programme italien du XIXe siècle, passant du coup de l'église à la scène.

Ce vaste espace, un temps refuge des concerts dominicaux de l'Orchestre Pasdeloup, ne sonne pas si mal pour une scène qui n'a rien de spécifiquement musical. Mais le célèbre chef d'orchestre n'avait pas eu à souffrir d'une bruyante soufflerie, balayant à jamais les subtilités de passages joués trop piano. C'est malheureusement le cas de l'ouverture de l'Italiana in Algieri, dont les imperceptibles pizzicati qui débutent l'œuvre en sont inaudibles.

Malgré un dispositif scénique peu propice, le vaste chœur de l'Académie de Musique tient sa partie avec assurance (et sans partitions !), si ce n'est une prononciation un peu molle de l'italien. Le plateau de solistes est très inégal : ne prononce rien (c'est grâce au chœur que l'auditeur comprend que c'est la version française de Moïse en Egypte de Rossini qui a été retenue), plafonne dans les aigus et n'est pas très sonore ni dans le médium ni dans le grave. Cette mollesse d'articulation se retrouve également chez , qui elle est fâchée avec le rubato romantique. Les aigus sont en revanche lumineux, la voix s'échauffant en cours de spectacle nous gratifie d'un très bon « Io son l'umile ancella » extrait d'Adriana Lecouvreur de Cilea. L'orchestre – fait d'amateurs rappelons-le – reste la bonne surprise de la soirée : le pupitre de cordes est homogène, les vents ne sont pas braillards, la sonorité d'ensemble est ample. a tendance a diriger de manière un peu sèche le bel canto romantique, mais trouve plus d'aisance en fin de soirée, dans un répertoire (Cilea, Puccini, Mascagni) qui met, il est vrai, bien plus l'orchestre en valeur.

Pour éviter l'écueil du récital, et avait prévu une sobre mise en espace plutôt réussie, avec un subtil jeu de lumière (sauf dans le chœur des enclumes « Vedi ! le fosche notturne » extrait du Trovatore de Verdi, avec une esthétique bizarrement moderniste et hors de propos) et quelques déplacements assurés par l'Ensemble vocal du Palais Royal. Un spectacle réussi qui prouve la vitalité de la scène parisienne en dehors de ses grandes institutions traditionnelles.

Crédit photographique : DR

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