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L’Eure musicale, Première édition… Bucolique

C'est dans cette région bucolique du Perche, riche en églises médiévales, qu'Armine Varvarian a décidé d'implanter son premier festival : l'Eure musicale, dont sa première édition s'est déroulée les 25, 26 et 27 avril 2008.

Si les débuts sont modestes, ils n'en sont pas moins ambitieux. Le premier concert voyait pas moins que Marcel Azzolla. Pour le deuxième, dans l'église Sainte-Madeleine de Verneuil, Michaël Lonsdale devait venir réciter des poèmes de Guillaume Apollinaire en compagnie de Béata Halska (violon) et de la directrice artistique au piano. Malheureusement retenu pour un tournage qui s'est prolongé à Malte, le célèbre acteur a laissé place à Odile Samoël. Le public n'y a rien perdu, bien au contraire, la voix acidulée de la comédienne se fondant avec aisance dans les propos tantôt grivois tantôt mélancoliques de l'auteur des Mamelles de Tirésias. Coté musique, une sélection de pièces françaises et polonaises était proposée, en rapport avec l'origine d'Apollinaire, Wilhelm Albert Włodzimierz Apollinary de Wąż-Kostrowicki de son vrai nom. Maurice Ravel et sont les noms les plus souvent entendus de ce concert, dont la Sonate du premier, prise dans un tempo assez rapide (surtout le Blues central) et Tzigane, véritable feu d'artifice de virtuosité. Seule, Armine Varvarian a donné une fulgurante version de l'Alborada del Gracioso et le duo a pu aussi faire découvrir la musique d'Alexander Zarzycki (1834-1895), compositeur polonais tout à fait dans l'esprit à la fois salonnard et patriotique de son temps.

Le lendemain pour l'ultime concert dans la remarquable église Saint-Hilaire, place au grand piano romantique avec un récital de , pianiste diplômé des conservatoires d'Erevan, Marseille et Paris qui mène, outre ses activités d'enseignant, une belle carrière de soliste. Dans l'ensemble, son jeu est énergique et rapide. Peut-être un peu trop pour les deux Impromptus (op. 90 n°2 et 3) de Schubert qui ouvrait le concert, mais cette conception convient à la Sonate « la Tempête » de Beethoven qui gagne ainsi en urgence et en intensité. Ces mêmes qualités se transforment en défaut dans les pièces de Chopin (Valses op. 64 n° 1 et 2 et op. 69 n°1, Barcarolle op. 60) qui paradoxalement manquent de fougue à défaut d'énergie, et dont on peine à percevoir les origines populaires. En revanche cette conception du clavier correspond à merveille dans l'écriture quasi symphonique de Schumann (Novelette n°8 op. 21) et de Scriabine (Sonate n°5 op. 53), œuvres dans lesquelles excelle, dominant totalement le clavier dont il tire des sonorités à la fois puissantes et précises.

Rendez-vous en 2009 pour la deuxième édition de l'Eure musicale, dont la programmation sera, espérons-le, un peu plus étoffée et sous le même soleil printanier radieux de ce dernier week-end d'avril.

crédit photographiqu : clocher de l'église Sainte-madeleine de Verneuil-sur-Avre (c) Marie-France Châtelais ; – DR

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