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Kindertotenlieder de Gisèle Vienne : Punk is not dead

Dans un cimetière enneigé, matérialisé par un cercueil ouvert, des jeunes – capuches vissées sur la tête – se sont rassemblés pour un concert in memoriam à un de leurs camarades, dûment munis de bouteilles de bière.

Suicide, assassinat ? Peu importe pour , qui qualifie elle-même ses spectacles étranges et saisissants de mises en scène chorégraphiques. Dans la brume perpétuelle de cette atmosphère macabre et sépulcrale, enfants poupées aussi vrais que nature et personnages de chair occupent hypnotiquement l'espace. Celui-ci est largement saturé des sons du groupe KTL, entre hardcore et rock métal, annihilant toute tentative de résistance à cette ambiance délétère.

Et la danse dans tout cela ? Pour , trentenaire dont les copines d'enfance sont devenues Djette ou plasticienne, la création d'un univers importe davantage que celle d'une écriture chorégraphique. On ne retrouve pas dans ses spectacles, qui explorent les notions de violence, de deuil et de sexe, d'usage physique du corps comme y sont accoutumés les danseurs, mais la présence corporelle des interprètes est sublimée, magnifiée par les lumières et la scénographie. En témoigne le superbe solo d', dont les bras blancs et les longs cheveux bruns s'étirent lentement le long d'un micro sur pied.

Esthétiquement proche d'un , par son côté plasticien, le spectacle puise dans une culture rock alimentée par des courants musicaux plus récents, voire revisités. Hard rock, gothique, punk, heavy metal, bruitisme font écho aux expérimentations plasticiennes d'un Loris Gréaud ou d'un Damien Deroubaix, adeptes du noir charbon et de la tête de mort. Mais la culture de puise plus loin dans ses racines germaniques, comme le prouve le titre du spectacle, Kindertotenlieder, hommage à Malher ou l'irruption bruyante et incongrue de deux Perchten autrichiens, ces figures qui surgissent au milieu de l'hiver pour chasser les démons et punir les âmes damnées. Un étonnant clin d'œil folklorique dans ce spectacle contemporain sombre et léché.

Crédit photographique : © Mathilde Darel

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