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Valéry Gergiev au sommet dans la Sixième de Malher

Tragique, la Symphonie n°6 de porte assurément bien son nom, contemporaine des poignants Kindertotenlieder.

Des œuvres sombres et douloureuses écrites à une période paradoxalement heureuse de la vie de Mahler ; mari comblé, père de deux petites filles, directeur enfin respecté de l'Opéra de Vienne, et surtout compositeur enfin reconnu comme tel, avec la confiance gagnée par l'éditeur allemand C. F. Peters. Mais Mahler, qui s'est toujours senti l'instrument de forces supérieures et mystérieuses, compose sa Symphonie n°6 sous la diction d'une énergie ténébreuse et visionnaire, étape nécessaire dans le processus de sa créativité musicale.

Pour son premier disque Mahler, Valéry Gergiev nous fait cadeau d'une interprétation « live » absolument explosive à la tête d'un LSO particulièrement volcanique. Avec mordant et dynamisme, chef et musiciens sont sous l'emprise d'une adrénaline qui ne désemplit jamais, depuis la marche guerrière de l'allegro initial jusqu'au déchainement irréversible des éléments dans le finale. Le chef russe, peu convaincant dans ses précédents enregistrements symphoniques, restitue ici pleinement le romantisme effréné de la plus noire des monuments symphoniques de Mahler, véritable symphonie de la mort sans résurrection. Dans les rares moments d'accalmie, on admire le contraste des nuances, la profondeur du champ sonore et la transparence des couleurs ; il y règne cependant toujours une atmosphère électrique, comme un volcan momentanément endormi entre deux éruptions.

Le seul reproche qu'on peut adresser à , c'est celui de ne pas avoir respecté la volonté de Mahler en inversant les deux mouvements centraux de la symphonie, ce qui peut être préjudiciable sur le plan émotionnel.

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