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Tchaïkovski, version bio et végétarienne

Le futur directeur musical de l’orchestre de Paris continue d’explorer le grand répertoire avec son orchestre étasunien. Et comme toujours, le chef propose des interprétations qui questionnent avec pertinence le texte, mais avec des bonheurs différents.

Pas d’épanchements lyriques ou de pathos superflu dans des enregistrements qui imposent un Tchaïkovski sanguin, nerveux, rapide et dynamique. Le musicien privilégie la logique des œuvres et accorde une grande importance aux contrastes entre les climax. Ce traitement convient à merveille à une ouverture fantaisie de Roméo et Juliette. Cette vision débouche sur une grande tension dramatique basée sur des dynamiques imposantes, mais jamais brutales. Dans l’absolu, on tient ici l’une des grandes versions de la discographie et certainement la meilleure des dix dernières années aux côtés de celle, si différente, de Valery Gergiev (Philips).

Le cas de la symphonie « pathétique » est plus problématique. Certes, la construction de l’interprétation est hautement intelligente, le chef pousse au maximum ses idées, mais il en résulte un certain manque d’impact émotionnel qui pourrait même passer pour une froideur. Le premier mouvement avance bien, mais avec trop de neutralité, les mouvements centraux souffrent aussi de cette froideur avec un « Allegro molto vivace », brillantissime mais gratuit. Seul « l’Agadio » conclusif s’épanche avec fluidité et naturel. La prestation de l’orchestre est magistrale avec des bois et surtout des cuivres en parade. L’amateur de Tchaïkovski intellectuel saura trouver son bonheur dans cette version, mais l’amateur chérira encore ses chères galettes signées Mravinsky (Melodiya et DGG), Bernstein (DGG), Karajan (DGG), Muti (Naïve), Svetlanov (Canyon)…

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