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Mario Del Monaco à Moscou : hommage à une légende

En juin 1959, se rend au théâtre du Bolchoï à Moscou en tant qu'artiste invité. C'est la première fois qu'un chanteur d'opéra italien chante en URSS.

Ses interprétations de I pagliacci et de Carmen font sensation et on peut lire, au lendemain de sa première représentation, en première page de la « Pravda » que le chanteur italien a conquis le cœur des moscovites. Il reçoit dans la foulée la grande médaille de l'ordre académique Lénine. Suite à cette distinction très prestigieuse, le directeur du théâtre du Bolchoï lui annonça « Vous, le seul étranger à avoir reçu cette récompense, l'avez obtenue après quatre représentations ; j'ai, pour ma part, attendu vingt-cinq ans ».

Ce DVD relate cette aventure unique, à la fois politique et artistique, à travers des extraits judicieusement choisis. chante en italien, occasionnellement en français dans Carmen, le reste étant complètement en russe. Le film est en noir et blanc, sur une bande de bonne qualité pour la date d'enregistrement. Bien que n'ayant ni la richesse des couleurs si séduisantes dans cet art, ni la fluidité sonore d'un enregistrement digital, le spectateur sera émerveillé par la beauté des timbres déployés et les décors rustiques de l'époque. La voix du ténor, pleine d'élan et de foudre dramatique, mêlée à son jeu d'acteur fantastique, nous transporte complètement. Certains monologues du ténor, « Recitar !… Vesti la giubba » dans I pagliacci ou « La fleur que tu m'avais jetée » dans Carmen sont absolument bouleversants. Pas grand chose à redire sur le chœur et l'orchestre du théâtre du Bolchoï, qui sont assurément de bonne qualité. Nous apprécions également les voix féminines qui font également preuve de classe, de puissance et de précision. est notamment magistrale lors de la scène finale qui clôture Carmen lorsqu'elle avoue que, morte ou vivante, elle ne cèdera pas aux avances de Don José.

Ce DVD permet de mesurer l'immense talent du ténor italien et de mieux comprendre le succès dont il a été à l'origine dans le monde entier.

Le spectateur devra cependant faire preuve d'une certaine clémence sur la qualité de la bande et du son – qui n'a évidemment rien à voir avec les opéras récemment enregistrés – afin d'en tirer toute la valeur théâtrale, musicale et historique.

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