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Assassinio nella cattedrale, une édition majeure d’Ildebrando Pizzetti

Passablement oublié des mélomanes et des musiciens, fut pourtant une figure majeure de la vie musicale italienne.

Avec Casella, Respighi et Malipiero, cet artiste fut le représentant de « la generazione dell'Ottanta » (La génération des années 1880). Compositeur d'opéras, Pizzetti marqua la scène avec ses opus lyriques : Fedra (1915), Dèbora e Jaéle (1922) alors que son inspiration symphonique et chorale déboucha sur des opus importants dont une Missa di Requiem a capella qui perdure encore quelque peu au répertoire des chœurs. Refusant le « mélodramatisme complaisant » et la veine naturaliste de Puccini et des véristes, Pizzetti préférait les « grands drames d'une haute tenue morale ». Son style puisait dans le chant grégorien, les polyphonies de la Renaissance et dans les partitions de Verdi, Debussy ou Dukas.

En 1958, le théâtre de la Scala vit la création de cet Assassinat dans la cathédrale d'après la pièce de T. S Eliot. Commande du festival de Canterbury en hommage à Thomas Becket, le plus célèbre martyr de cette ville, assassiné en 1170 dans la salle du chapitre de la cathédrale, cette pièce fut un immense succès des années 1930-1940. Elle fut jouée sur les plus grandes scènes anglophones et connut même une adaptation cinématographique en 1951. Un grand triomphe récompensa la partition de Pizzetti qui fut même programmée, à Vienne, en 1960 avec Herbert von Karajan au pupitre (il en existe une bande audio éditée par DGG). La musique, forte et puissante en terme de dramaturgie, présente de nombreuses scènes mémorables comme le grand soliloque de la soumission de Thomas à la fin de l'acte n°1 ou l'hymne choral qui clôt l'ouvrage.

Filmée dans la Basilique San Nicolas de Bari, cette captation vidéo bénéficie d'un grand soin et replace l'action dans son cadre naturel. Dans le rôle de l'archevêque, fait briller toutes les facettes de son inépuisable talent. Même si la voix est parfois fatiguée, la musicalité et l'investissement de l'artiste s'avèrent convaincant. Les nombreux rôles sont chantés, avec attention, par des solistes italiens. Pier Giorgio Morandini tend le discours à la tête d'un orchestre de Bari très revêche.

Unique réalisation « moderne » de cette pièce, ce DVD remet aux premiers plans un ouvrage absolument majeur qui se hisse au niveau des opus contemporains de Poulenc et Britten. Programmé à la Scala la saison prochaine, cet Assassinio nella cattedrale mérite naturellement toute votre attention.

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