Voilà un disque pour les jours gris, celui où la prétention de ceux qui nous dirige et nous étale leur suffisance et leur prétention, nous écrase comme un couvercle. Un disque dont l’instrument principal, la vielle nous rattache à nos racines populaires, joyeuses et bonnes enfants. Ce CD nous livre une musique humaine et humaniste dans sa manière de nous parler et de nous tenir la main dans ses airs à danser qui nous entraînent au rythme des pas que nous livre la notice.
Ce répertoire de vieilles chansons et danses, nous mènent au cœur des villages, dans les fêtes et foires qui s’animaient au son de la vielle et de la voix de ces chanteurs de rue (gravés par Callot). Le livret nous offre des noms d’auteurs (Claudin de Sermisy) ou d’éditeurs plus ou moins connus (Ballard ou Pierre Phalèse) qui ont permis à ces airs de survivre et d’arriver jusqu’à nous et enfin de ceux à qui l’ont doit les arrangements permettant leur interprétation Anne Dumont, Miguel Henry). Mais l’essentiel est ailleurs, dans les noms de ces danses d’abord : branle, pavane, gaillarde, bassedance et dans la mélancolie si tendre des titres des chansons, comme des suppliques : « Entendez seigneur », « je suis au mourir », « Pourquoy ». Il naît de cet enregistrement, un étrange sentiment d’onirisme, celui que fait naître l’ensemble Outre Mesure, puisant sa vitalité et son charme dans le chant tendre de la vielle, au timbre ancien, la poésie du luth et des violes, le pastoralisme des flûtes qui nous enchaînent aux rythmes de ces airs.
Ce n’est pas dans les registres paroissiaux ou dans des archives poussiéreuses que vous retrouverez vos ancêtres mais grâce à l’âme de ces musiques qui évoquent le mieux ces femmes et ces hommes qui bien souvent après de durs labeurs goûtaient le plaisir de cette liberté si intense qu’offre la griserie de la danse.