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Le Dialogue des Arts, quand couleurs, mots et sons se répondent…

« Le thème inépuisable des correspondances, analogies, interactions, corrélations, associations et autres rapprochements entre les grandes formes de l'expression sensible – arts visuels, littérature, musique – touche un public toujours plus large, phénomène dont l'universalité rend assez bien compte, avec les riches ouvertures qu'elle propose désormais à ses étudiants, pour qui les passerelles ne cessent de se multiplier au sein de cursus consacrés aux lettres, à l'histoire de l'art, à la musique, aux arts plastiques, au théâtre, au cinéma, à l'image, à la danse, à l'esthétique, etc. En un mot, à tout ce qui repose sur l'étude spécifique et comparée d'un certain nombre d'œuvres, socle inébranlable qui a déterminé le cadre et la forme de cette chronique de la création occidentale. »

C'est ainsi que amène judicieusement l'objet de sa réflexion dans l' « avant-propos » de son dernier ouvrage Le Dialogue des Arts. Rappelons que les différentes casquettes de cet érudit reconnu à la fois musicologue, historien de l'art et homme de lettres au talent littéraire avéré l'ont amené à enrichir la bibliographie interdisciplinaire à plusieurs reprises, et ce depuis des années. Citons simplement pour mémoire son Musique et Arts visuels (Champion, 2004). Aujourd'hui, ce n'est pas seulement des arts visuels et de la musique qu'il s'agit, mais de la littérature également.

Composé de 22 chapitres offrant la mise en relation de plusieurs arts de catégories différentes, ce petit fascicule permet un aperçu éloquent des formes d'expression du Moyen-Âge à nos jours suivant une idée générale, une ligne directrice. Ainsi, pour illustrer la « naissance de l'Artiste » lors de la 1ère Renaissance, confronte le dôme de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence de Brunelleschi, un bas relief de Lorenzo Ghiberti : Rencontre de Salomon et de la Reine de Saba, le Adam et Eve chassés du paradis, fresque de Masaccio, le Livre de la cité des Dames de Christine de Pisan et le motet Nuper rosarum flores de Guillaume Dufay. A l'instar des autres chapitres, les œuvres sont très ciblées et emblématiques d'un point de vue historique. De plus, l'auteur aborde le délicat problème de la « trame méthodologique », avec « un modèle immuable » ainsi spécifié : « un diptyque reposant dans un premier temps sur la détermination des catégories génériques et des choix thématiques de l'époque (« les œuvres ») et dans un second temps sur les pratiques formelles et les procédés syntaxiques qui légitiment leur regroupement circonstanciel (« caractères généraux ») ». Mais l'auteur va plus loin et instaure quelques « principes d'enquête » qui aboutissent à des remarques lumineuses comme, par exemple, la similitude des proportions du dôme de la cathédrale de Florence et celles du motet de Dufay.

Au total, un grand petit livre, très bien écrit, très bien illustré et très bien pensé. A conseiller à tout esthète en quête de connaissances de base précises et de pistes méthodologiques.

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