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ONF-Masur : Intégrale Beethoven VII : Avantage aux symphonies

C'est par la rarement jouée Bataille de Vittoria que a choisi de débuter l'avant dernier concert de son intégrale Beethoven, choix légèrement surprenant car cette œuvre « de circonstance » n'est pas vraiment du niveau des immenses chefs-d'œuvre qui l'entourent. Contemporaine de la Symphonie n°7, on se contentera de cette logique et on profitera de l'originalité du dispositif scénique sensé représenter une bataille, avec, à l'arrière scène deux fanfares symbolisant les armées françaises et anglaises, sans compter deux mini orchestres de cuivres et percussions s'opposant en en coulisse, illustrant la bataille elle-même avec moult coups de canons. De ce point de vue c'était plutôt réussi, martial et cocasse à souhait, avec ses hymnes reconnaissables (Rule Britania et God Save The King contre Malbrough s'en va-t-en guerre), que demander de plus !

Avec le Concerto « L'Empereur » l'intérêt musical était tout autre, nous étions revenus sur les cimes de l'inspiration beethovénienne, dans cette œuvre où l'équilibre et la complémentarité entre piano solo et orchestre, donc entre pianiste et chef est primordiale. Comme l'est le mariage magique de la puissance expressive alliant noblesse et grandeur, avec un sens profond de la poésie pour réussir pleinement ce concerto. Le pari fût-il totalement réussi ce soir ? Pas entièrement. Premier fautif, le pianiste qui, malgré d'indéniables qualités, a donné une vision trop uniformément lumineuse de son interprétation, jouant presque essentiellement de la main droite, à qui il a manqué le soutient et le contrepoint d'une main gauche vivante et expressive. Quelque soit l'œuvre, sonate ou concerto, négliger la main gauche dans Beethoven est toujours préjudiciable. De son côté l'orchestre a donné un accompagnement propre et dense, mais un peu « carré », refusant ici d'aller vers plus d'animation, là vers plus d'intériorité. Ce choix médian, fort bien exécuté, n'en était pas moins un peu frustrant. A cela s'ajoutaient une maîtrise, non techniquement mais musicalement parlant, pas toujours convaincante des interventions des cuivres, et ici où là quelques problèmes de synchronisation piano orchestre plus ou moins perceptibles, dont le plus spectaculaire apparu à la toute fin du concerto. Donc ce n'était pas parfait, et si on mettait ça en disque, la comparaison avec les grandes versions du passé risquerait d'être un peu rude. Mais dans la seule perception immédiate du concert, le jeu chantant sans esbroufe de , plus à son aise dans l'Adagio un poco mosso et le Rondo final, et la qualité sonore de l'orchestre, méritaient applaudissements.

Crédit photographique : DR

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