Ce second volume de l'intégrale des Choros en cours par l'Orchestre Symphonique d'Etat de São Paulo et son chef John Neschling confirme la très haute tenue artistique de cette entreprise.
Ce disque confronte les Choros intimistes que sont les n° 1 pour guitare solo et n° 4 pour trois cors et trombone. Dans ces petites pièces, le raffinement de Heitor Villa-Lobos fait merveille avec le déhanchement endiablé du Choros n° 4 et la suave mélodie du Choros n° 1, mais ce sont les « grands » Choros n° 6, n° 8 et n° 9 qui font le prix de ce disque.
D'une vingtaine de minutes chacune, ces grandes fresques peignent un Brésil luxuriant avec l'appui de percussions locales : coco, racleur roncador, tambourin de samba, tambutamvi, cuíca, racleur reco-reco… Le Choros n° 8 est souvent considéré comme le chef d'œuvre de la série ; François-René Trancheront, biographe du compositeur, notait ainsi : « l'œuvre est définitivement l'une des plus brillantes, plus vivantes, plus expressives de la série. » Surnommé « Choros da Dança » par l'auteur, il fait éclater la violence éruptive de la foret d'Amazonie dans une transe orchestrale qui convoque un très grand orchestre renforcé d'une percussion massive et deux pianos obligés dont l'un est utilisé dans sa pleine force rythmique. Le Choros n° 9, avec sa langueur n'est pas sans évoquer la nonchalance de la Schéhérazade de Rimski-Korsakov et la barbarie du Sacre par la scansion de certains rythmes ; cette richesse de l'orchestra fascina jusqu'à Messiaen…
L'Orchestre Symphonique de Sao Paulo a conscience de l'importance de cette entreprise et il rivalise de précision et de chaleur sous une direction à la fois soucieuse de la forme générale et du détail. La prise de son Bis fait littéralement exploser les timbres et les couleurs de ces partitions. Cette musique narrative et suggestive, servie par de tels interprètes, est naturellement l'un des musts de cette année. Plus que le premier volume concentré sur le long Choros n° 11 pour piano et orchestre, ce tome 2 est indispensable !