- ResMusica - https://www.resmusica.com -

Schumann et l’instrument roi du festival

Festival Pablo Casals 2008

Le festival de Prades permet de découvrir une magnifique région. Vernet-les-bains possède une salle de spectacle dans son casino, qui a une acoustique agréable. Malheureusement, elle est un peu défraîchie et il faut faire fi de l'absence de séduction de la scène pour se concentrer sur les solistes. L'une des particularités de ce festival est de faire du violoncelle un roi choyé. Deux violoncellistes de grand talent pour un concert est un privilège rare qui offre des comparaisons passionnantes. Ce début de concert permet d'écouter la première sonate pour violoncelle et piano de Brahms dont l'atmosphère pastorale convient bien au lieu. l'aborde avec un son d'une grande douceur, un son velouté presque affectueux. Même dans les moments de tension il reste maître d'une sonorité envoûtante. Le piano de est plus brillant et le dialogue s'engage alors au sommet avec de bien beaux moments. La vie et l'énergie de cette partition de relative jeunesse a toujours apporté le succès à cette sonate. Nos deux interprètes du jour le portent tout du long, arrivant vers le final richement contrapuntique avec un élan irrésistible.

rejoint son collègue pour la création française d'un hommage à Schumann composé par Valentin Silvestri pour deux violoncelles. Magnifique pièce, toute de douceur de poésie et de délicatesse qui utilise un violoncelle chanteur () et un violoncelle tour à tour harpe, guitare, contrebasse, toujours en pizzicati, sauf l'ultime accord (Arto Nova). L'émotion qui étreint à l'écoute de cette pièce tient d'une part à la beauté de la mélodie et de son accompagnement qui mettent en lumière les deux faces du génie schumanien par un procédé d'une grande simplicité, mais aussi par l'utilisation si complémentaire des deux violoncelles dans des exigences techniques et musicales peu banales qui appellent de grands violoncellistes. L'entente entre les deux artistes est de tous les instants avec une grande concentration.

Les Phantasiestücke de Schumann terminent le concert avec fulgurance. La sonorité d' est pleine, riche, puissante, fantasque. Cette conception du son comme sculpté, travaillé en permanence dans des extrêmes convient bien à et l'entente entre les deux musiciens est très forte. Chacun proposant, l'autre renchérissant dans une ivresse de sonorités toujours renouvelées. Les nuances sont poussées très loin et les audaces de coloration sont pleines de surprises. Les visions schumaniennes sont ainsi matérialisées et toute la poésie de ces pièces peut jaillir. Le public ravi, manifeste son enthousiasme.

Crédit photographique : photos © Festival Pablo Casals 2008

(Visited 238 times, 1 visits today)