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Rencontre au sommet

Fiez-vous à la sobriété teintée d'humour de la jaquette : la performance qu'offrent le pianiste et les Zukerman ChamberPlayers ( et trois de ses protégés canadiens) dans Schubert et Mozart vaut le détour. D'une technique irréprochable, la prise de son joue un rôle important dans l'expérience. Elle allie une définition exemplaire à un spectre large et une proximité inouïe. Un rendu d'un naturel exceptionnel.

Immergé de cette manière dans le son, la qualité de l'interprétation est d'autant plus frappante. Dès le premier accord, irradiant, l'oreille est captivée par la sonorité charnue et onctueuse de l'ensemble. Pourtant ce n'est ni cela, ni l'équilibre parfait des voix, ni même la respiration unanime qui donnent à cette version une dimension exceptionnelle. C'est la noblesse des phrases, la vivacité majestueuse qui ne tombe jamais dans l'hystérie, l'attention portée aux détails (entrées, élégance des notes répétées, unité des tempi…). C'est l'opposition du grave et du spirituel, des sonorités rondes et cristallines. C'est encore et surtout le lyrisme inspiré d'une mélodie qui, basculant d'un instrument à l'autre, ne perd rien de sa fraîcheur. Les tempi réfléchis leur permettent un travail poussé du caractère et s'ils semblent parfois rendre le propos un peu langoureux (Andante), ils ne nuisent pas à la vie intérieure de l'œuvre.

C'est dans le même esprit qu'est abordé Mozart, l'excellence au bout des doigts. Inspiration, intensité, drame ou candeur s'appuient sur l'élégance et l'écoute qui ont fait merveille dans Schubert. La liberté que ces musiciens s'accordent dans les phrasés et l'imagination déployée dans le lyrisme sont d'une justesse de style saisissante. Elles en disent long aussi sur le plaisir qu'ils prennent à jouer ensemble… Un moment de grâce à ne pas manquer.

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