Catalogue Hoboken, chapitre XI : Trios pour baryton… 126 ! Qu'un instrument aussi méconnu qu'insolite ait pu inspirer un tel nombre d'œuvres, excédant les 106 symphonies et les 83 quatuors à cordes, voilà de quoi ravir le mélomane attentif, curieux et averti du fait que l'auteur de «La Surprise» n'en est pas à une près. Tout un pan de la production haydnienne qui, jusqu'à présent, n'a pas été particulièrement favorisé, ni par les éditeurs ni par les organisateurs de concerts ou de festivals. C'est donc avec enthousiasme que l'enregistrement paru chez Alpha sera accueilli, bien que la partie de baryton soit tenue ici par un violon. Rappelons toutefois que le compositeur lui-même avait autorisé voire encouragé la diffusion de certains trios adoptant cette option, ne faisant en cela que suivre les pratiques courantes de l'époque, d'autant plus justifiées lorsque l'instrument d'origine était rare. Apparenté à la famille des violes (Viola di Bardone), le baryton était déjà démodé du temps de Joseph Haydn.
Le choix d'une formation «standard» peut provoquer une déception légitime mais celle-ci restera relative tant l'ensemble Rincontro sait nous prouver que le principal attrait de ces œuvres repose, avec ou sans l'élément pittoresque de sonorités inédites dans la musique de chambre, sur des qualités d'écriture spécifiques et en même temps susceptibles de regarder vers d'autres horizons, telle une langue qui, passée l'étape de la reconnaissance et de l'affirmation riche de promesses, parviendrait à s'universaliser.
La prise de son fait honneur aux mérites de cette (re)découverte par un équilibre comparable en présence, réalisme (timbres bien définis, réverbération jamais envahissante) et luminosité.