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Beethoven 5 par Pascal Rophé

Face à la somme de témoignages discographiques légués par les baguettes les plus prestigieuses et par le caractère emblématique que porte cette œuvre, il doit être extrêmement difficile pour tout chef d'orchestre d'aborder la symphonie n°5. Que pourrait-on en effet dire de nouveau sur cette œuvre des plus jouées ?  n'a visiblement pas été embarrassé par cette question, choisissant plutôt d'explorer en profondeur une partition se suffisant à elle seule.

A travers cette optique, le chef d'orchestre emporte ses musiciens dans des tempos assez rapides. Ce choix se défend aisément dans le premier mouvement accentuant alors la violence du propos musical. L'orchestre se montre réactif et assez précis pour donner corps à un mouvement habilement structuré. Habituée aux jeux de manettes des ingénieurs du son, notre oreille reste parfois sur sa faim en ce qui concerne les interventions des cornistes. Les deux musiciens paraissent en effet en retrait malgré leurs efforts. Après les féroces accents rythmiques de l'Allegro con brio, le second mouvement offre une place majestueuse au chant des bois. Si le talent des solistes de l'orchestre est connu, ceux-ci apparaissent ici bridés par la direction du chef qui ne cède que peu de passion aux notes. Le troisième mouvement s'accommode mieux de cette direction privilégiant la construction rythmique aux phrasés mélodiques.

Le parti pris de prendra en réalité toute sa justification dans le dernier mouvement enchainé. Ce n'est que dans pareil tempo infernal que le final prend tout son sens. Il est en effet alors difficile de parler de redondance d'accords ou de final encombrant lorsque l'orchestre s'envole littéralement.

Pour ce premier concert d'une saison consacrée à Vienne, confrontait de manière pertinente les extrêmes de la période romantique. Après la populaire Symphonie n°5 de Beethoven, l'orchestre proposait au public de goûter aux élans passionnés du jeune à travers son idylle Im Sommerwind. Le chef d'orchestre se montre à l'aise dans ces pages développant de larges atmosphères aux couleurs chaudes et à l'orchestration scintillante.

Afin de permettre au public de partager les souvenirs de l'orchestre de retour d'une tournée en Amérique du Sud, le chef d'orchestre terminait en beauté son concert avec La Mer de Debussy, mise au pupitre lors cette tournée qui faisait la part belle au répertoire français, proposant également des œuvres de Franck et Berlioz. Les musiciens prennent un plaisir manifeste à se plonger à nouveau au cœur de cette partition et dévoilent l'avalanche de détails qui en fait toute sa beauté. Les cordes forment un ensemble remarquable d'homogénéité tandis que le pupitre de percussions s'affirme par sa précision et sa subtilité. Rophé sait se montrer souple tout en emmenant l'orchestre dans une progression dramatique réservant au public un final éblouissant.

Le public réserva à la phalange liégeoise et à son chef une ovation méritée à laquelle Pascal Rophé répondit en bissant le final du Dialogue du vent et de la mer.

Crédit photographique : © Katie Vandyck

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