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L’opéra Rossinien à l’orgue

, illustre inconnu, organiste à Turin, fait partie de cette génération de musiciens du Nord de l'Italie de la deuxième moitié du XIXe siècle. Inconnu peut-être, mais pas banal, voire enthousiasmant, voilà ce que d'entrée, l'écoute de ce CD peut nous faire dire. Imaginez les envolées les plus flamboyantes des grandes pages alla Rossini, revisitées ici à l'orgue. Mieux que cela, une véritable inspiration dans l'utilisation de ces grands instruments orchestraux que la famille Serrassi nous a légués, que ne se prive pas de mettre en démonstration . Les fidèles turinois devaient bien s'amuser à cette époque, l'opéra faisant ici partie intégrante de la liturgie. Le phénomène n'est pas nouveau : déjà à l'époque baroque, Grigny à Reims n'est-il pas si proche de l'opéra versaillais, ou plus tard Lefébure-Wély à la Madeleine des opérettes d'Offenbach ? René Saorgin au début des années 70 avait montré la voie sur le Serrassi de Tende, proche de Turin, avec un certain Padre Davide. Le choc fût alors de taille. La démarche est ici la même, et tout aussi accomplie, le plus difficile à réussir étant de savoir utiliser correctement ces instruments avec tous leurs timbres bien particuliers, et accessoires divers, jusqu'aux véritables percussions : un orgue conçu pour imiter l'orchestre symphonique dans toute sa splendeur. Des écrits bien précis nous apprennent heureusement à nous en servir. Bravo à qui les a lus et mis en pratique, le résultat est prodigieux : solos de cor anglais ou de flûte traversière, basses de violes, crescendos bien menés, piccolo doublé du fagotto, clochettes à l'imitation du triangle, et grosse caisse et cymbales à effet garanti. Que dire de la musique en elle-même ? les titres de pièces parlent d'eux même : on se promène entre les petites valses, allegrettos très légers et autres polkas, jouées pendant l'office bien sûr : tout n'est que facilité et musiquette, mais dans le genre, c'est génial, et dépoussière sacrément l'instrument sacré qui en a encore souvent bien besoin. On apprécie en tout cas au passage la beauté des sonorités, et l'utilisation parfaite qui en est faite, avec un je-ne-sais-quoi de «pince sans rire» savamment dosé, bref un CD à vous remonter le moral illico en cas de blues passager, le remède sera efficace !

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