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Geoffrey Strom au piano : peut mieux faire !

Lorsque commence la première pièce du CD, l'Etude en ut dièse majeur op. 10 n°1 de Chopin, l'auditeur est en droit d'espérer un excellent enregistrement. En effet, fait montre d'une brillante technique dans cet Allegro si connu : un bon équilibre entre les deux mains, avec une main gauche profonde et une main droite très précise dans les arabesques arpégées.

Mais très vite, la déception s'installe. Ainsi le Nocturne n°2 en mi bémol majeur op. 9 n°2 qui suit n'est-il pas habité du tout. On est bien loin de la pensée profonde d'un Claudio Arrau ! Et l'on s'ennuie. Même chose de manière encore peut-être plus affirmée dans la très célèbre «Marche funèbre» de la Sonate pour piano n°2 en si bémol mineur op. 35. Ce lento est effectivement très lent, et surtout, comme l'ensemble des pièces de ce CD, l'interprète joue vraiment trop «tout droit». Il a l'air de réciter une leçon pas comprise. Le contrepoint de Chopin ne ressort pas, la musique n'étant pas assez vécue ni analysée. Sans compter les ralentis intempestifs trop ampoulés (Ah ! Ce Prélude en mi mineur op. 28 n°4 !). De même, le son reste très sec, comme dans les valses où l'on espèrerait de la rondeur, de la chaleur sonore. Son très sec également dans la «révolutionnaire», avec pourtant une dextérité indéniable, comme dans la «Campanella» de Liszt d'ailleurs. Notons que le piano, accordé par Guy Houze n'est pas juste ! Et cela gène vraiment. Surtout quand use et abuse de la pédale, l'exemple le plus emblématique restant sans doute sa prestation de la Polonaise n°10 en la bémol majeur op. 53 très brouillonne et pas toujours respectueuse du texte. Ajoutons à cela un livret indigent qui se contente de citer des critiques élogieuses sur l'interprète.

D'ailleurs, il faut repréciser que dispose d'une technique impressionnante et qu'il parvient à intéresser parfois l'auditeur dans les œuvres les moins connues, les moins publiques (les moins intéressantes, il faut le dire) du CD : les transcriptions. Il est clair qu'il devrait lire Chopin vu par ses élèves d'Eigeldinger, se renseigner sur la manière de jouer Liszt peut-être avec le texte-témoignage de Madame Auguste Boissier, Liszt pédagogue, et surtout étudier les partitions de près, les penser et écouter des interprètes de haut niveau dont qui ont marqué le répertoire pianistique, à l'instar d'Arrau, d'Argerich, de Pollini, etc. Car il est vraiment dommage de disposer d'autant de technique pour arriver à un tel résultat. La pochette est à cet égard, éminemment symbolique : une moitié de visage pour une moitié de capacités utilisée. Peut mieux faire !

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