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Harding et Mahler : exceptionnel

La Symphonie n°10 de a profondément marqué les esprits. D'une part parce que le chiffre 10 est sacré dans l'histoire de la symphonie, de nombreux compositeurs de génie n'ayant pas réussi à aller au-delà de neuf compositions, qu'il s'agisse de Beethoven, Schubert, Bruckner ou encore Dvořák. D'autre part parce que, de cette symphonie comportant cinq mouvements, le seul intégralement achevé par Mahler est le célèbre Adagio, à la fois diabolique et visionnaire, qui pose les bases d'une œuvre aux ambitions colossales. Les autres mouvements, bien qu'ayant été complètement esquissés par Mahler, n'ont été orchestrés que quelques années après sa mort. Ainsi naissent plusieurs versions de la Symphonie n°10, mais l'histoire a retenu principalement celle de Derick Cooke, qui a permis une première interprétation de l'intégralité de l'œuvre le 19 décembre 1960 à l'occasion d'un concert radiodiffusé par la BBC. L'on comprend à présent mieux pourquoi cette symphonie inachevée constitue un breuvage particulier dont la substance se situe entre victoire et défaite.

Dans ce contexte, la version de constitue un vrai choc discographique. La gifle commence avec un Adagio tout simplement incroyable, pétillant, mystique, et d'une précision rarement atteinte dans ce répertoire où toute la difficulté pour le chef d'orchestre consiste à réunir la densité et la puissance orchestrale de l'œuvre avec la légèreté des thèmes et des idées musicales qui y sont développés. La suite est également magistrale. L' s'impose avec brio et nous rappelle qu'il est l'un des plus beaux orchestres au monde : les cordes rayonnent généreusement, les vents coupent le souffle, le jeu est subtil, profond.

Le final constitue vraisemblablement les dernières notes écrites par le compositeur et sa maturité est alors à son apogée. L'interprétation bouleversante que nous en offre Harding ne peut que pousser à la réflexion sur l'ensemble de l'œuvre de Mahler, tant elle semble épouser avec pertinence le style complètement abouti du plus beethovénien des compositeurs post romantiques.

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